L'histoire :
En mai 1875, au large des côtes britanniques, Corentin Tréguier voyage à bord d’un navire lorsqu’un coup de vent disperse les feuilles qu’il tenait en main. Lord Bollingbroke, un aristocrate britannique, les ramasse et découvre des dessins de primates, notamment des orangs-outans de Bornéo et de Sumatra. Intrigué, il engage la conversation avec Corentin. Les deux hommes échangent sur les forêts d’Afrique centrale, les orchidées que Lord Bollingbroke étudie et les richesses naturelles des Andes orientales, où l’or et le caoutchouc abondent. Tandis que l’aristocrate évoque son commerce de biens matériels, il dénigre Cardiff, qu’il considère sans intérêt. Un peu plus tard, Corentin croise des matelots, Cadwaladr et Dyfodwg, qui l’invitent à découvrir une autre facette de la ville. Il se rend ainsi au The Vulcan, un pub local où il partage une CWRW brassée au sous-sol avec eux. Pendant ce temps, Lord Bollingbroke regagne son château et retrouve ses amis autour d’un verre de scotch. Parmi eux, Hastings et Pollington l’écoutent alors qu’il s’apprête à travailler sur des schémas destinés à renforcer la puissance capitaliste britannique. Mais en ouvrant sa mallette, il découvre avec stupeur qu’il ne possède plus ses précieux documents : à la place, ce sont les dessins de Corentin qu’il tient entre ses mains...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel plaisir de retrouver Corentin Tréguier, héros malgré lui, après son incroyable expédition au Congo ! Cette fois, son aventure prend un tournant inattendu : au lieu d’embarquer pour Bornéo, il se retrouve sans papiers à Londres, contraint de travailler dans les mines de charbon anglaises. Emmanuel Suarez adapte une nouvelle fois son podcast en bande dessinée et nous plonge dans une fresque sociale saisissante, au cœur de la révolution industrielle britannique. Corentin, avec son regard candide et naïf, façon Tintin, devient témoin et acteur d’une lutte ouvrière historique. Car au-delà de son destin personnel, c’est toute une société qui se dessine : grève générale, marche des travailleurs sur Londres, émancipation des classes populaires et des femmes… Suarez ne prend jamais parti, il met en scène des faits et laisse le lecteur en tirer ses propres conclusions, dans un récit à la fois ironique et mordant. Le trait subtil de Hamo accentue cette immersion en jouant sur des expressions simples mais d’une expressivité redoutable. À la dernière page, une galerie de portraits des personnages historiques nous rappelle que Corentin Tréguier n’a sûrement pas fini de traverser l’Histoire. Mais où va t-il nous emmener dans sa prochaine aventure ?