L'histoire :
En 1705, le jeune catalan Marti Zuviria marche en direction du château de Bazoches, en Bourgogne, propriété du renommé Marquis de Vauban. Il s’est fait virer de l’école des Carmélites de Lyon pour mauvaise conduite et se retrouve à devoir impérativement réussir son examen d’entrée comme élève de Vauban, sous peine de subir les foudres paternelles. Il postule en même temps que deux autres jeunes hommes bien plus érudits que lui en matière d’ingénierie militaire… mais Jeanne, la fille du marquis, tombe immédiatement sous son charme et intercède pour qu’il soit l’unique élève choisi. Le vieux Vauban lui promet une formation rude et rigoureuse… et c’est le cas : de 6h30 à 23h, mathématiques, Histoire, architecture, dessin, avec uniquement le dimanche pour repos. Sans oublier le travail aux « champs », qui consiste à apprendre à creuser des tranchées et à planter des pieux de défense… Zuviria apprend énormément en matière de fortifications et de tactiques d’assaut… y compris dans les bras de Jeanne, dont il devient l’amant. A chaque grand progrès, ses formateurs lui tatouent un symbole sur l’avant-bras. Ces signes cabalistiques permettent aux ingénieurs « ponctués » de reconnaitre immédiatement leur rapport de hiérarchie lorsqu’ils se saluent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, Victus est un ouvrage historique signé d’Albert Sanchez Piñol, revenant sur la guerre de succession d’Espagne et le siège de Barcelone (1713-1714). A partir de 2016, ce roman a fait l’objet d’une adaptation en BD en 3 tomes scénarisés par Carles Santamaria Martinez, dessinés par Cesc F.Dalmeses et uniquement édités en Espagne. Les voilà aujourd’hui publiés au sein d’une unique intégrale par Nouveau Monde Graphic, traduite en français (par Marianne Millon). On suit ici le parcours d’un jeune catalan, Marti Zuviria, élève ingénieur militaire du grand Vauban (dans le 1er chapitre qui correspond au tome 1). Il n’est ni brillant, ni studieux, ni courageux, mais son humilité et son parcours chaotique nous le rendent sympathique. Il revient à Barcelone (dans le tome 2), qui se prépare à un siège (dans le tome 3) devenu emblématique du désir d’indépendance de la Catalogne. Notre anti-héros fictif fait des apparitions régulières en flashforwards, en vieil homme estropié au visage. Au présent, on le découvre alors qui passe d’un rang à l’autre – tantôt avec Fitz-James de Berwick, tantôt avec Villaroel – sans trop de conviction… La narration parfois nébuleuse, se fait à la première personne dans des encadrés narratifs toutefois bien écrits. La plus-value vient du dessin semi-réaliste encré de Cesc Dalmases, très bien documenté sur l’époque, qui accorde toute la puissance à la fresque historique. Les champs de batailles, les assauts sur les citadelles, les animations de rues, les palabres de salons et négociations stratégiques, l’expressivité des personnages, la colorisation juste et sobre, à trois mains, tout contribue à rendre vivant ce conflit troublé.