L'histoire :
Tic, tac, tic, tac… Ting ! L’ouverture programmée de la porte du réfrigérateur vient de faire son œuvre : pas une seconde à perdre, Nestor et Polux, les 2 habitants de cette planète tranquille, se précipitent sur l’objet. L’enjeu : un divin laitage à la framboise que chacun d’entre eux veut sentir couler dans son gosier. Cependant, il n’y aura qu’un vainqueur et le perdant devra se contenter de l’infâme yaourt au pruneau. C’est tous les jours la même chose : un seul yaourt framboise et un seul gourmet heureux. Aujourd’hui la bataille est rude, si violente, que le laitage explose en se répandant sur les pelages des deux amis. Désormais ils vont devoir batailler pour savoir qui pourra lécher son compagnon. Dieu (un triangle avec en son centre un œil inquisiteur), qui voit tout, intervient pour leur rappeler que pour une répartition équitable framboise/pruneau, ils disposent d’un grand registre dans lequel chaque tour est consigné. Polux sort gagnant du duel, léchouille donc son Nestor et riant de le voir grimacer en absorbant le yaourt au pruneau, fait un constat étonnant : le rire entraine l’hélice de sa casquette et lui permet de voler. Mais on ne peut rire éternellement. Polux retombe donc. Mais c’est bien là le moindre de ses soucis car d’autres épreuves l’attendent qui pourraient bien le mener en enfer ou au paradis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une planète verdoyante, une sorte de peluche aux allures de toutou abruti-gaffeur, une presque souris râleuse et éternellement frustrée, un frigo qui s’ouvre à heure fixe, un yaourt framboise, un yaourt pruneau et un Dieu pas beaucoup plus malin que ses créatures : voilà planté le décor d’une série qui, sous ses allures de BD jeunesse humoristique, n’en a pas forcément le goût. Car au delà des apparences, du graphisme enfantin en passant par la thématique yaourtistico-burlesque centrale, il s’agit bien de donner un fond philosophique voire théologique au propos : une métaphore lactée de la condition humaine et des fondements mystico-philosophiques de l’humanité (Adam, Eve, le bien, le mal, l’intervention divine…), pas moins. Et pour servir l’intention, nos 3 hurluberlus ne mettent aucune barrière aux débords de leurs imaginations, quitte à faire mourir par exemple l’un des héros. Cette manière de faire peut incontestablement dérouter, surtout si l’humour basé sur l’absurde n’est pas votre tasse de thé. Mais au-delà, c’est surtout l’incapacité à franchir un cap qui lasse. Les auteurs restent coincés dans l’entre d’eux de la série humour jeunesse (il ne faut pas oublier qu’elle paraissait dans Pif, initialement) et quelque chose de plus adulte. Ainsi les trouvailles judicieuses ou les clins d’’oeils multiples (téléportation dans un univers parallèle ou sur une autre planète, framboise philosophale…) ne font jamais rebondir la série : on en revient toujours à cette histoire de yaourt, prompt à amuser les plus petits. Une série tout en décalage, délirante et plutôt sympa, mais qu’on aurait, tant qu’à faire, souhaité voir prendre un autre tournant (les enfants comprennent-ils vraiment quelque chose ?).