L'histoire :
Un bête clou dans le pneu de sa moto oblige Will à s’arrêter dans un atelier mécanique spécialisé dans les deux roues. Quand il en repart avec son bolide réparé, son habit et son casque noir sont remarqués par Emma, qui arrive, elle, en compagnie de son frère Lucas, pour prendre des informations sur le show stunt du lendemain. Or c’est pile le moment que choisissent trois autres motards tout de noir vêtus, pour braquer une bijouterie voisine. Ils en repartent butin en poche et arme au poing, lorsque Lucas se trouve devant eux. L’un des braqueurs flingue Lucas sans hésiter. Un binôme de gendarmes à motos se trouve dans les parages et entend la détonation. Ils sont rapidement sur les lieux du drame et prennent aussitôt en chasse le trio meurtrier. Emma, qui vient de voir mourir son frère dans ses bras, les suit de près. Cependant, le premier motard noir qu’ils rattrapent est Will, qu’ils prennent pour l’un des gangsters. Or Will est un ancien repris de justice ! Malgré sa décision de rester désormais droit et honnête, il craint la confusion policière et la prison… Il neutralise donc les gendarmes et s’enfuit. Les forces de police se mettent alors à le traquer comme s’il était l’ennemi public numéro 1. Mais Will a des ressources et il essaie de désamorcer son cas en rendant une visite surprise nocturne au domicile d’Emma…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection Carenage de Paquet propose des immersions dans la sphère moto, en évitant l’éculé humour gaguesque (Sam Speed, Motomania…). Derrière une couverture aussi tape-à-l’œil qu’un graphe au pochoir sur un réservoir de 1500cm³, Angles morts se présente comme un thriller d’action en one-shot. Le casting des auteurs semble judicieux : en plus de vivre tous deux au côté d’une Virginie (à moins que ça ne soit la même ?), ils partagent réellement une même passion pour la moto. A travers son enquête musclée, le scénariste Xavier Bétaucourt décrit de manière relativement exhaustive les différentes facettes de la sphère moto. D’ailleurs c’est simple, il semble que dans ce contexte contemporain, tout le monde fasse usage de motos. Dans ce sens, on peut comparer Angles morts au registre du western, dans lequel les motos auraient remplacé les canassons : de méchants cow-boys braquent pour le compte d’un puissant propriétaire et une coalition composite d’autres cow-boy pas blancs-blancs pour autant les traquent dans notre vaste Colorado urbain. On croise ainsi des motos de gendarmes, des sportives, des roadsters, des motos servant à faire du « stunt » (figures de voltige), des engins millésimés et même une Harley Davidson avec hauteur de guidon improbable. Mais avant tout, ce one-shot rend un hommage appuyé à la Suzuki Hayabusa – bien qu’elle soit ici chevauchée par les « méchants » – la première moto commerciale capable de franchir les 300 km/h. Le dessin semi-réaliste se montre d’une belle maîtrise et pour cause : il est assuré par Laurent Astier, auteur de l’atypique et remarquée série Cellule poison et illustrateur de L’affaire des affaires. Le dessinateur est à l’aise dans tous les compartiments du job, tant pour animer les chevauchées sauvages, rendre les personnages expressifs, planter les décors urbains avec des plans d’ensembles détaillés et dynamiser le découpage.