L'histoire :
A 17h24, Jean-Pierre se rend au cimetière en taxi. Un mot tourne en boucle dans sa tête : « Moleskine ». Il le triture sous toutes ses formes. Molesse skin ? En anglais, cela signifie « peau de taupe ». A 17h31, son rendez-vous est là. Une femme rousse, qu’il n’a jamais vue avant. Elle s’appelle Hélène, elle l’emmène sur la tombe de son frère jumeau dont il ignorait l’existence jusqu’à la veille. Jean-Pierre est déboussolé. Dans le taxi qui les ramène en ville, il explique qu’un accident de voiture l’a laissé orphelin et totalement amnésique à l’âge de 12 ans. Il a du tout réapprendre, jusqu’à redéfinir sa propre personnalité. Elle, lui explique que le monde tel qu’on le voit n’est pas le seul. Un monde parallèle, tissé de réseaux souterrains coexiste sous les collines entourant la ville. Le job d’Hélène est justement de l’explorer, d’en établir des plans. C’est dans un de ces boyaux qu’elle a rencontré le frère jumeau de Jean-Pierre. Lui se faisait appeler « Île » et l’avait surnommée Hell (pour Hélène). Il et elle !? Encore ces obsédants jeux de mots… Ensemble, ils se rendent dans l’appartement de ce jumeau, situé au-dessus d’un ancien théâtre, le « Nombril du monde », reconverti en club d’impro et de slam. Il est apparemment voisin de la jeune Faustine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le second volet de cette trilogie introspective et décalée signée Serge Annequin se déroule en même temps et en parallèle du premier tome. Toujours porté par un dessin moderne, stylisé, souvent englué dans des teintes grises et noires, il nous présente un homme d’âge mûr, Jean-Pierre, qui subit un tournant psychologique sévère en apprenant l’existence jusqu’alors ignorée d’un frère jumeau. Mais attention, sans doute ce frère n’est-il qu’allégorie et à vrai dire, tout semble toujours pouvoir être remis en question dans ce récit où les sphères cartésiennes et abstraites se mélangent allégrement. Toujours est-il qu’on se laisse porter par la quête de soi et de vérité de ce personnage tourmenté. Lui aussi joue beaucoup avec les mots et leur symbolique, lui aussi subit notre monde urbain contemporain comme s’il lui était inapproprié. Lui aussi vit une expérience onirique avec une boule bleue et… les dernières planches ébauche enfin de nombreux indices qui relient les deux premiers tomes. Car une logique se dessine assurément, bien qu’encore très confuse pour le moment. Annequin tisse là une œuvre à part, intéressante et à des années-lumière des canons grand-public, mais toujours pas pleinement convaincante. Sans doute le troisième opus à venir apparaîtra-t-il comme une clé de voûte nécessaire et indispensable…