L'histoire :
Min, une chinoise, quitte Shanghai début janvier, destination Paris. Une page se tourne dans la vie de cette jeune femme qui rejoint la capitale française sans trop savoir ce qui l’attend… Une vingtaine de jours plus tard, professionnellement, tout semble lui sourire : elle parvient en effet à mettre en place un partenariat fructueux dans le commerce de produits de luxe entre son pays et le marché français. Pourtant, ce n’est pas en se noyant dans le travail qu’elle réussit à emplir le vide qu’elle ressent depuis son arrivée. Car en quittant son pays, elle a laissé Atje, son fiancé. Certes, en se rendant à Paris, elle a délibérément pris la décision de prendre un peu de distance avec ce dernier, mais… Certes, il la délaissait, préférant les soirées entre copains et tarde à construire une vraie relation, mais… Certes, elle a retrouvé dans les poches de sa veste un préservatif lui laissant tout imaginer, mais… Alors quand elle prend enfin du temps pour elle, pour visiter Tour Eiffel et musées, se laissant porter au gré des courants et qu’au hasard d’une rencontre elle accepte l’invitation de Philippe, un quadra charmeur à souhait… Elle s’abandonne enfin dans les bras de ce bel architecte. C’est tellement bon de goûter à l’ivresse provoquée par ce sentiment de liberté. Est-ce pour autant un nouveau départ ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La fille de Shanghai a la lourde responsabilité d’ouvrir le bal du nouveau label BAO des Éditions Paquet. Avec BAO, l’éditeur suisse souhaite offrir un espace de liberté dans lequel les créateurs issus de la BD, du manga, des comics, de la photo pourront s’exprimer sans contrainte de style, de forme ou de formats… Chaiko, un réalisateur de dessins animés de Shanghai, et Ysabelle Cheng, une jeune franco-chinoise, ne se sont donc pas fait prier pour occuper cette nouvelle aire de jeux, en livrant un récit intimiste, douceâtre et romantique, juste ce qu’il faut. Graphiquement, Chaiko effectue une symbiose assez intéressante entre manga et BD franco-belge, qui rend l’ensemble du récit infiniment lisse : les courbes parfaites des personnages, les lignes architecturales harmonieuses, la colorisation douce assoient cette sensation de calme réconfortant. On ne se lasse alors pas de promener nos yeux de page en page, nous abandonnant au simple plaisir de la contemplation. Mais si l’œil est comblé, les papilles sont, elles, un peu délaissées, le scénario ne réussissant pas à provoquer le déséquilibre qui rythmerait, voire tonifierait, le récit. La narration est au diapason du dessin : lisse, même lorsqu’il y a des heurts ou des rebondissements, sans bruit… Ce côté doux-romantique est cependant susceptible de rencontrer son public, qu’on imagine jeune et féminin. Celui qui succombe fortement, en général, à cette forme d’esthétisme, en continuant de rêver au prince charmant. Un bel ouvrage en tout cas.