L'histoire :
Les vendéens Simon et Georgia, respectivement apprenti romancier et professeur d’arts plastiques, décident de vivre une nouvelle expérience : ils s’accordent avec un autre couple australien pour faire un « house swap », c’est-à-dire un échange de maison, pour une durée d’un an. Ils s’envolent ainsi de Roissy vers l’autre côté de la planète, et fêtent au champagne dans l’avion le début de leur grande aventure. Simon a décroché une bourse pour l’écriture de son roman, ce qui va permettre à Georgia de retrouver du temps pour peindre. A l’arrivée à Brisbane, pourtant, ils doivent rejoindre leur nouveau logement en taxi. Doug, le voisin qui leur a fait faux bond, les accueille en leur expliquant que seul Lana Copeland est partie en France, son mari Doug ayant été appelé pour une mission de longue durée à Sydney. Simon et Georgia découvrent « leur » nouvelle maison, un joli queenslander, typique de cet état australien. Ils trouvent vite leurs repères. Simon s’installe sur la terrasse pour écrire, face au Pacifique ; Georgia transforme la salle de gym en atelier de peinture. Une salle au sous-sol reste fermée à clés, contenant des affaires personnelles des Copeland. Pourtant, un détail cloche. Georgia se sent en permanence espionnée, elle n’est jamais sereine. Et pour cause, en effet, depuis une pièce plongée dans l’obscurité du salon de Doug, un homme passe ses journées à observer Georgia…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet « Home exchange » est une autre manière de parler du « house swap », ce procédé qui consiste à échanger son logement avec quelqu’un d’autre, tout en l’entretenant comme si c’était le sien, pour s’immerger dans une autre vie. Le scénariste Serge Perrotin connait bien cette manip’, car il l’a authentiquement vécue en 2009 vers l’Australie, pendant 9 mois. Cette expérience l’a inspiré pour composer ce léger thriller à la mécanique fantastique insolite, qui revisite sous un nouvel angle le principe du bond temporel. Or ici, nulle machine infernale, nul effet spectaculaire, juste une réflexion sur le temps qui passe et des conséquences bouleversées sur la psychologie de héros qui s’aiment. Nous éviterons d’en révéler plus pour maintenir le suspens. Perrotin sait distiller progressivement les révélations, ce qui permet d’accrocher idéalement le lecteur, intrigué. Le dessinateur Christian Maucler fait quant à lui une infidélité à son Commissaire Raffini pour illustrer de son trait réaliste et de ses couleurs directes les 130 planches de cette aventure contemporaine australienne. Mis à part l’immersion « exotique » au sein des panoramas de cette île-continent (le fameux rocher Uluru, le bush, les aborigènes…) le découpage se borne à mettre en scène les héros dans leur chez-soi, en proie à leur stupéfiant mystère. La griffe artistique et les aquarelles sont toujours aussi élégants, mais on note tout de même de curieuses erreurs de proportions ou de perspectives (ex : la liaison bras-main du verre tendu, p.30). Pas de quoi empêcher la découverte agréable et piquante d’une histoire d’amour pas comme les autres.