L'histoire :
A Thèbes (Égypte) en 2000 avant JC, la voile d’Imhotep vient d’être aperçue à l’horizon. Aussitôt, toute la maisonnée s’active pour accueillir le maître de retour de plusieures semaines de voyage. Les cuisiniers, les domestiques, le scribe, les fils, les concubines, la vieille maman, tout le monde se prépare dans un mélange d’angoisse et d’excitation. Enfin, Imhotep débarque et il présente à sa déjà très large famille sa nouvelle jeune concubine, Nofret. Tout le monde reste pour le moins circonspect devant cette nouvelle inattendue. D’autant que Nofret se montre d’emblée manipulatrice et prétentieuse. Elle sait qu’elle est la plus récente, la plus fraîche, elle a donc un maximum d’influence sur son mari pour manœuvrer à son avantage et discréditer tous les autres. Il n’y en a qu’une pour se réjouir hypocritement, c’est la servante Hénet, qui flagorne. Les fils ainés, pourtant rivaux, essaient de parler à leur père des affaires du domaine… Mais Nofret a prévu un programme plus doux pour Imhotep. Les affaires attendront donc plus tard. Nofret ne trouve pas plus de grâce du côté des précédentes concubines. Tous se mettent à espérer fortement qu’il arrive un malencontreux accident à cette intrigante bien encombrante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les nombreuses enquêtes policières écrites par Agatha Cristie, il n’y en a qu’une qui se déroule dans un cadre historique ancien : Death comes as the end, dans sa version originale (1945). Et pour cause : la célèbre romancière s’est carrément projetée dans l’Egypte antique, -2000 ans avant JC, à partir d’une lettre d’époque retrouvée en hiéroglyphes (une des Lettres d'Hékanakht) ! Pour cette adaptation BD en un one shot (de 62 planches), la scénariste Isabelle Bottier se conforme donc aux connaissances historiques de 1945 et à leurs « mises à jour » quant à la structure sociétale et familiale de cette époque. Ici, un maître règne sur un large domaine comprenant ses concubines, ses domestiques, ses scribes, ses fils, les épouses de ses fils et sa vieille maman… ce qui fait beaucoup de monde à ses pieds, qui espèrent tous attirer ses faveurs. Or l’arrivée d’une énième concubine bouleverse les espoirs et déclenche jalousies, cupidités et haines. D’autant que Nofret est prétentieuse et manipulatrice… donc avec une espérance de vie limitée. Son assassinat prévisible sera suivi de bien d’autres tragédies. Dès lors, le lecteur est invité à tenter de deviner qui est responsable de ces crimes en série, selon le classique procédé du « whodunit » (qui l’a fait ?)… Pas d’inquiétude, le/la coupable sera finalement bien identifié. Emmanuel Despujol, fondu d’égyptologie (le Dixième peuple) est le dessinateur idoine pour cette intrigue familiale en milieu aride. Il accorde beaucoup d’expressivité aux personnages dans un semi réalisme très agréable et chatoyant de lumière.