L'histoire :
Jusque-là, l’été de Polo avait été solitaire. Un été comme un autre pour une région rurale et déserte, faite de vastes prairies venteuses d’élevage. Néanmoins, un fait divers avait focalisé l’attention : la disparition de Christian, un enfant du village. Du coup, Polo passait tout son temps hors de chez lui à observer et arpenter la campagne. Un après-midi, il rencontre à l’entour d’un point d’eau une jeune fille prénommée Sophie. Polo lui fait alors remarquer que ce sont les défauts qui rendent les choses intéressantes, à l’instar de ce robinet mal fermé qui a vu naître autour de lui tout un microcosme vivant. La belle et mystérieuse inconnue semble perplexe et répond en confiant au garçon sa passion : les loups-garous ! Sur le sujet, elle connaît tout, elle a tout lu ou parcouru. Chez elle, en vacances chez son père, elle reçoit aussi quelques 180 chaînes et invite Polo à les regarder avec elle dans son sofa. Celui-ci accepte bien volontiers. Mal à l’aise car gêné et attiré physiquement, ne sachant comment se comporter, l’adolescent rentre finalement de nuit à la maison, découvrant en chemin le cadavre squelettique de Christian…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand les défauts rendent les choses plus intéressantes (…) : ainsi s’ouvre cette histoire singulière mêlant romance, enquête à suspens et ambiance fantastique. C’est en effet souvent autour d’un simple constat, d’une vérité évidente et cependant cachée, que se bâtissent les plus simples et meilleurs scénarios. Un garçon solitaire, une fille ténébreuse, un cadavre, un sofa et tout plein de loups-garous cauchemardés. Les éléments usités par Tony Sandoval appartiennent au commun, au banal, qu’il s’agisse du quotidien ou du merveilleux. Pourtant, il n’en faut pas plus pour se laisser, dès les premières pages, happer par cette chronique d’un été de tous les dangers. Car, ce qui arrive à Polo et/ou Sophie, qui ne l’a pas fantasmé ? Vivre une aventure égoïste, intense, si indécente qu’elle en paraît surnaturelle ! C’est pourquoi sans doute, elle ne pouvait durer qu’un temps, une parenthèse de vrai bonheur. Au final, les choses rentrent dans l’ordre et la rentrée sonne le retour au réel. Reste un rêve éveillé au graphisme avenant, alternant fondus et traits plus marqués, damiers et pleines planches déchirantes (cf. p .82), cela selon l’émotion à faire passer. Jadis labellisé « Discover » chez Paquet, ce titre à est aujourd'hui à redécouvrir dans sa réédition au sein de la collection Calamar.