L'histoire :
Au début du XIXème siècle, c’est l’époque du « grand flot », dans le Morvan. Alors qu’un amas de moulées (du bois de chauffage) s’amoncèle au Saut du Goulet (une petite cascade), la jeune Marie Fontaine s’en va se baigner en aval. Elle repère alors un curieux manège : deux individus, surnommés la Tâche et le Feutre, retirent les « marques » gravées sur bon nombre de moulées, pour en apposer une autre. Menacée par les deux escrocs, elle doit promettre de garder le secret. A cette même période, le vaillant Jean Tambour vient juste de terminer son engagement dans la marine. Il rejoint son oncle à Clamecy pour participer au grand flot. Les tensions sont fortes : on accuse les flotteurs de dérober du bois. Dès le lendemain, Jean Tambour crochète sur l’Yonne, en compagnie de nombreux autres flotteurs. Il retrouve entre autre Gustave, le frère bourru de Marie Fontaine, qu’il prend plaisir à faire tourner en bourrique. Ces deux-là se livrent à une course-poursuite qui finit bien mal pour Tambour : il choit dans le pertuis… et nul ne le voit remonter à la surface. En réalité Jean a dérivé, juste ce qu’il faut pour remonter par hasard dans un bras caché de l’Yonne, où deux hommes changent eux aussi des marques sur des moulées. Tambour suspecte qu’une arnaque de grande ampleur se déroule en ces contrées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Flotteur »… Voilà un sacrévindiou d’beau métier disparu, dont vous ignoriez sans doute jusqu’à aujourd’hui l’existence. Imaginez… Nous sommes dans la première moitié du XIXème siècle, sous la première Restauration. A l’époque, le bois de chauffage convoie alors depuis le Morvan vers la capitale en flottant à travers la France sur les rivières et les fleuves. Cette économie traditionnelle était ordonnancée de manière pointue par tout un tas de savoir-faire, malgré l’aspect sommaire de la technique. C’est ce contexte et cette économie pittoresques que met avant tout en scène le scénariste Serge Aillery à travers cette série initialement publiée chez Dupuis (collection Repérages) à partir de 1990. Le héros Jean Tambour, de retour de la Marine, ainsi que l’enquête sur l’escroquerie servant d’intrigue, ne semblent que des prétextes pour décortiquer cette activité, ses mœurs, son phrasé et son vocabulaire en orbite. Aillery et son compère Jean-Luc Hiettre au dessin se lançaient alors dans une aventure historique doublée d’une œuvre patrimoniale, qui durera 4 tomes. Certes, le souffle romanesque n’est pas optimal, quelque peu contrarié par des termes venus d’un autre temps… Mais la retranscription historique et sociale est pointue et mérite à elle seule bien des louanges. Les éditions Paquet remettent cette série courte en valeur dans un plus grand format (collection Cabestan), complété d’un cahier culturel complet sur ces étonnants métiers du fleuve, la genèse et les planches « interdites » de la série.