L'histoire :
Après maints maraudages nocturnes, le comte Victor Nathanaël Gency de la Villardière, surnommé le hibou, a finit par se faire coincer. Enchaîné au fond d’une geôle miteuse, il fait la connaissance de Pwyll Piquedru, un nain coureur de jupons qui a eu le malheur d’agresser un « compagnon de l’agneau ». Ils redoutent tous deux l’annonce de leur funeste sentence. Mais une chance de se racheter leur est offerte. En compagnie de 5 autres condamnés aux profils disparates - une experte en arts martiaux, un tueur à gage, un hobbit alchimiste, un crocheteur et une brute difforme - on leur propose d’éviter la corde contre une mission sur la presqu’île des tempêtes. L’aventure est dangereuse, car les défenses naturelles de cette terre aux rivages hostiles en ont fait le refuge idéal pour les criminels de tous poils. Pour s’assurer de leur « loyauté », un poison lent leur est administré. Ils ont 60 jours pour ramener un enfant, appelé à monter un jour sur le trône de Qash. Mais pour se rendre sur la presqu’île, il leur faut tout d’abord traverser l’« entaille », un gouffre monstrueux relié au continent par une fine passerelle en bois…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si on peut craindre au départ une énième resucée du Seigneur des anneaux (en raison d’un malheureux nom de famille, Baggins, ou de la présence d’un elfe, sosie de Légolas), ce premier tome imaginé par deux picards est plutôt encourageant. Certes, le synopsis est très conventionnel : dans un univers « médiéval décalé » (et pas encore fantastique), un casting bigarré doit accomplir une mission risquée. Mais Régis Hautière a l’intelligence d’éloigner son scénario des sentiers battus. Parfaitement rythmé, ce premier tome va au-delà de la présentation des personnages, de l’univers mis en place et de la quête. Une attention particulière a été portée aux dialogues et à la narration, par ailleurs fort dense. En 54 planches, de nombreux rouages sociaux, religieux et culturels sont exposés et les aventures auxquelles sont confrontés nos héros sont déjà fort nombreuses. Le trait de Hardoc (meilleur jeune espoir à Angoulême 96) sur ses personnages est peut-être un peu épais… mais ses décors sont plutôt réussis. La colorisation aurait gagné à être plus nuancée… mais au final on referme ce premier tome en ayant passé un bon moment d’évasion, avec la ferme intention d’en découvrir la suite.