L'histoire :
En octobre 1815, un vagabond appelé Jean Valjean cherche un endroit où dormir, dans les Basses-Alpes. Sur présentation de son passeport jaune, qui indique qu’il a fait du bagne, il est refusé partout. L’évêque de Digne, monseigneur Myriel le trouve un soir frigorifié dans un fossé. D’une charité sans borne, il lui propose le couvert à l’évêché. Jean Valjean dévore et raconte la raison qui l’a amené à faire 19 ans de bagne : il a volé un pain pour le donner à un enfant affamé. Monseigneur Myriel ne le juge pas et lui montre sa chambre. Dans la nuit, alors que tout le monde dort, Jean Valjean s’éclipse, non sans emporter avec lui l’argenterie de l’évêché. Le lendemain, des gendarmes le ramènent entravé au père Myriel, car ils ne croient pas à sa version : l’évêque lui aurait-il vraiment donné les couverts en argent ?! Sans hésiter, Monseigneur Myriel confirme : il les lui a bien donnés. Il insiste en outre pour Jean Valjean reparte avec deux chandeliers en argent. Il en aura plus besoin que lui. Il lui demande juste de ne jamais oublier la promesse qu’il vient de lui faire : de devenir un honnête homme. Six ans plus tard, Jean Valjean a fait fortune à Montreuil-sur-Mer. Il est devenu le respectable Monsieur Madeleine et il aide son prochain dès qu’il le peut, avec une grande bonté d’âme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous n’avez pas le courage de lire les 2000 pages du célèbre roman de Victor Hugo, cette version adaptée en BD constitue un expédient fort acceptable et nettement plus léger. Le chinois Chaiko s’est attaqué au monument et il l’a fait avec pas mal de talent et de respect à l’œuvre originale. Jean Valjean, Javert, les Thénardier, Fantine, Cosette, Marius, Gavroche… les personnages des Misérables sont tous là, bien crédibles, expressifs et jouant leurs justes rôles respectifs. Les décors – et la colorisation mesurée – font dans la sobriété et le non-spectaculaire, mais cela n’est pas du tout incohérent avec le propos : à travers cette œuvre, Hugo dénonce la paupérisation et l’exploitation du peuple français sous la Restauration et la Monarchie de juillet. Le parti-pris le plus surprenant, et pour le coup parfaitement assumé et réussi, vient de l’économie de textes et de dialogues. Chaiko transcrit visuellement un maximum de choses, sans avoir trop recours à l’ellipse, ce qui prouve un énorme travail de synthèse, d’adaptation, de découpage. La griffe de Chaiko est plutôt encrée et réaliste, avec ce petit « truc » semi-réaliste et expressif en plus au niveau des regards, qui permet de dire beaucoup de choses en peu de cases. A l’exception des traits relativement originaux de Jean Valjean (plutôt proche de Jean Dujardin), Chaiko part et décline astucieusement quelques célèbres gravures du XIXème (Cosette chez les Thénardier, par Emile Bayard ; Javert arrête Fantine, de Pierre-Georges Jeanniot).