L'histoire :
Toulon, Aout 1914… Attablé de bon matin devant une bouteille de blanc, Théophile Lansier sort un petit cahier à couverture toilée rouge, sur lequel il s’est épanché plusieurs mois durant. Il se souvient... Aviateur, le voilà qui survole un matin de mai 1913 le désert du Rub Al Khali (péninsule arabique). Mauvais jour que ce 16 mai, qui voit le Simoun jouer les cadors. Le vent chaud démoniaque s’empare en effet de l’appareil en le brassant, le tiraillant pour enfin l’assommer et le jeter contre une dune, victorieux. Théophile a survécu. Mais pour combien de temps encore : chaque minute, chaque heure, il meurt un peu plus, emporté par la brulure du soleil, simplement accompagné par quelques mirages rafraichissants… Il se réveille pourtant quelques jours plus tard bien vivant. Le sourire de la jolie jeune femme qui l’accueille est le premier des doux présents qu’il ait reçu depuis longtemps. Peu à peu, il découvre qu’il a été recueilli dans un endroit fabuleux, sur lequel règne la belle et majestueuse, Makêda, Reine de Saba. L’endroit est un véritable petit paradis où Théophile mange, boit et aime à satiété. A une seule condition : ne jamais s’en aller…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette première réalisation, Julien Berteaux et Lilian Coquillaud nous invitent à un beau voyage. Un de ceux où aquarelles et trait envoutant portent délicieusement le récit vers un habile entrelacs de conte, légende, Histoire, aventures et poésie. Et de fait, il s’agit bien, dès la couverture, de laisser l’œil se faire happer sans s’occuper de la quelconque épaisseur du scénario. La magie opère rapidement, qui nous fait découvrir le jeu des couleurs, la judicieuse utilisation de l’espace de la planche farfouillée sous toutes ses coutures, pour transmettre les intentions du récit (humour, effroi, fantastique, passion, action…), la variation des hachures du trait ou les cadrages intelligents. Certes, les inconditionnels du dessin réaliste auront toujours à redire, mais peu ne seront pas parcourus d’un divin petit frisson. L’histoire proposée est, quant à elle, un brin moins captivante, même si l’attache aux protagonistes se fait sans hésiter... C’est le journal d’un aventurier-aviateur qui nous est proposé, pour le récit d’un périple entre péninsule arabique, Siam, Indochine et Cité oubliée d’Angkor. Reine de Saba, belles « amazones », prison dorée, Atlante et guerres millénaires teintent alors l’aventure de ses plus beaux atours de fables et légendes. Rien de bien original ou surprenant pour qui aime ce genre de balade exotique où les sens sont confiés à la magie, mais parfaitement équilibré, bien écrit et offrant le final attendu. Du reste, on regrette de ne pas se voir proposer un prolongement, tant l’univers déployé est des plus séduisants. Une belle découverte privilégiant l’œil, toutefois.