L'histoire :
C’est décidé : pour passer au firmament et se voir proposer un jour l’adaptation de son œuvre par le grand Spielberg, Vince va se mettre à raconter sa vie en la dessinant : blog et pourquoi pas BD vendues par camions. Et dans sa vie à Vince, il y a quoi ? Des créatures du Tout Puissant, mises entre les pattes de l’Homme pour lui pourrir la vie et lui faire éternellement payer ses fautes ; des chats qui… bousent à coté de la caisse ou dépiautent le canapé à qui mieux-mieux. Il y a aussi une femme plutôt sympa. Une qui télécharge, en douce, Bienvenue chez les Ch’tis ou plutôt une version dans laquelle Dany Boon est particulièrement souple et où Kad Merad a d’incroyables nichons. Bref les joies du piratage à gogo. Et puis dans sa vie à Vince, il y a aussi les gens : les médecins qui expliquent la croissance horizontale ; les clients déprimants devant leur burger ; les profs de kayaks ou les vendeurs de vélos. Du savoureux, en quelque sorte, du super passionnant pour une vie extraordinairement ordinaire : du gros Spielberg assurément…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans son introduction introductive, Vincent Lévêque souligne lui-même le problème : les albums tirés de blogs BD se reproduisent aussi vite que les chanteurs québécois casse-burne. De fait, notre sympathique bloggeur (ici : www.vincentleveque.com) en rajoute une pile en nous soumettant une sélection de ses aventures autobiographiques déjà publiées sur le web, plus quelques inédits. Et le hic, c’est que ça fonctionne à nouveau copieusement, interdisant par là-même au chroniqueur de tirer son couplet ronchon. Ainsi donc, c’est reparti pour une virée captivante dans un univers d’auteur, alors que justement comme il le confirme (via cette décidemment riche introduction introductive) : sa vie comme celle de tout le monde est aussi chiante globalement qu’un film moldavo-roumain. Vous l’aurez constaté, le monsieur a de l’humour. Pas surprenant alors que, sous son crayon, les passionnants problèmes avec les chats, les manips sur internet, les repas au McDo ou la vie en couple ne deviennent de grands moments. Car ces tranches de vies font admirablement écho aux nôtres. Le dessino-bloggeur a juste l’immense talent de le dire avec l’art et manière, via son bout de souris rendue terriblement attachante, pour nous avoir permis de la suivre dans son intimité. Un peu comme si nous devenions le copain à qui elle se confiait. Le tout est distillé sans donner de leçons ou, comme certains le font, sombrer dans l’intello chiant, voire le philosophique prétentieux. Le graphisme, quant à lui, ne fait pas dans la surcharge et le pompeux : simple sans excès, proche d’un dessin de presse laissant toute sa place à la force des mots. En tout état de cause, du bon boulot pour une approche pas des plus originale, mais bien ficelée.