L'histoire :
Atari et Oliver vivent au cœur d’un Tokyo futuriste dans le quartier populaire de San’Ya où se retrouvent les sans-abris et les travailleurs journaliers… Ce matin-là, les préoccupations scolaires ne sont pas une priorité. Il s’agit plutôt de trouver le responsable du doux fumet nauséabond qui empoisonne des habitants du quartier. Pour les gamins, il n’y a pas de doute : l’étale de Mr Oka, le poissonnier, est coupable de ce répugnant parfum. Pourtant, comme leur explique Mr Bon Bon, si un « poisson-puant » est bien responsable, cela n’a rien à voir avec les bestioles du commerçant : une étrange maladie décime le « puantus piscis », habituellement chargés du recyclage des matières fécales déversées dans la rivière. D’où l’odeur particulière de ce début de journée… Un peu plus tard dans la matinée, les 2 amis reprennent espoir en pêchant, justement, l’un de ces fameux spécimens. Nul doute que leur fortune est assurée et que le repeuplement de la rivière remettra leurs narines à neuf… A moins que Monsieur Tête d’Épingle n’ait trouvé à ce dernier survivant une autre fonction… Et si pour oublier tout ça on empruntait un ou deux vélos ? Juste histoire de se dégourdir les pédales et surtout d’aller prendre le bon air dans la banlieue verdoyante de Sanreo : justement là où leur copain Misha vient de déménager…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est le vent des mégapoles d’un futur proche qui souffle sur l’album de Sonny Liew. Mais pas une tempête. Plutôt une brise chaude et douce, chargée d’effluves urbains, imbibée de mélancolie… Atari et son copain Oliver (qui a une probable filiation avec une quelconque espèce animale), espiègles représentants des quartiers populaires, n’ont pas d’autres ambitions que de goûter la vie. Peu importe qu’elle ait pour théâtre les terrains vagues ou les chantiers désaffectés, ils se frottent à la bienveillante humanité qui transpire du récit. C’est au travers de plusieurs saynètes que Sony Liew nous propose d’adopter cet univers. Tant pis si souvent l’intrigue qui nous mène sonne le creux : on est irrémédiablement touchés. Le responsable ? Un graphisme unique, à la jonction du comics et de la BD nouvelle vague, où le trait vif, aussi espiègle que les héros, virevolte de découpages en cadrages et qui nous lient aux gamins. Ce Malinky Robot est une bonne surprise dans laquelle Sony Liew s’amuse, pour lui et avec nous, à revivre des émotions de l’enfance : l’émerveillement devant un premier film sur grand écran au ciné ; les histoires qu’on invente, celles qui mêlent inventions et réalité (il utilise alors un style graphique différent selon la personnalité et les références culturelles de « l’inventeur »)… des choses simples. Elle est bien là, la réussite de l’ouvrage, nous faire respirer un nouveau moment d’innocence et de simplicité brute, celui que nous laissons au vestiaire en devenant des grands…