L'histoire :
Au contact d’une mystérieuse substance tombée du ciel via un « satellite » chinois, Mamada a acquis des superpouvoirs. Toutefois cette femme africaine traditionnaliste (couverte de terre glaise rouge et affublée de gris-gris – est dotée d’un trrrrès mauvais caractère. En outre, elle ne maîtrise pas vraiment ce pouvoir, qui s’exprime dès qu’elle a des mouvements d’humeur. Dans un premier temps, elle s’est téléportée par inadvertance dans le métro parisien et elle a inversement téléporté tous les passagers de la rame dans son village. A Paris, elle est aussi venue en aide à Sidonie, une jeune SDF dépressive qui venait de se suicider en se jetant d’un pont : elle l’a ressuscitée. A ses côtés, elle découvre stupéfaite la vie moderne et ses mentalités détestables. A la moindre contrariété, elle explose ou téléporte ou transforme les gênants en « machins » tentaculaires moebiusien. Sidonie, elle, commence à percevoir le potentiel du pouvoir de Mamada. Pendant ce temps, en Afrique, une escouade blindée chinoise investit le site où s’est écrasé leur « satellite ». Ils cherchent leur substance et ne la trouvent pas, ce qui les énerve prodigieusement. Au point de flinguer un innocent petit oiseau, certes un peu agaçant. Hélas, ledit petit oiseau a lui aussi été en contact avec la substance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le choc de cultures qui fonde l’intrigue de Madada est un classique indémodable (on pense ici à Un indien dans la ville ou aux Dieux sont tombés sur la tête). A ce sympathique environnement de départ, David Ratte a greffé une autre idée géniale : affubler son héroïne folklorique de superpouvoirs mal maîtrisés, dont les origines (a priori chinoises et scientifiques) demeurent encore floues à l’issue de ce tome 2. Tout cela défini, il n’y a plus qu’à dérouler : dans la grande ville, Mamada et Sidonie apprennent à tester et à profiter des pouvoirs ; tandis que dans la steppe africaine, les chinois propriétaires de la substance pâtissent de déconvenues drôlissîmes. Grâce au dessin soigné, fin et néanmoins caricatural de Ratte, qui dispose en outre d’un réel talent du rythme, de la mise en scène et du vocabulaire de djeunz, on se marre franchement et régulièrement. Ce qui n’est pas si courant dans une BD d’humour grand-public. Cet auteur a semble-t-il été lui aussi en contact avec une substance magique, qui lui donne le superpouvoir de l’humour ni consensuel, ni trash. Il en profite pour régler quelques comptes avec les spécimens les plus crispants de la scène pipole actuelle… Raaââh c’est jouissif.