L'histoire :
En 1867, le jeune Robert-Louis Stevenson prend du bon temps dans les tavernes d’Edimbourg, au lieu de réviser ses études. Sa famille est issue d’une grande lignée d’ingénieurs maritimes : son père et son grand-père sont même réputés pour leurs conceptions de phares à des endroits impossibles, au large des côtes écossaises. Ce soir là, sa mère le surprend dans les bras d’une prostituée dont il s’est profondément épris, Kate. Le jeune homme sait qu’il va passer un sale quart d’heure en rentrant à la maison. Il ne sait pas comment avouer à son père que l’édification de phares n’est pas du tout sa tasse de thé. Sa grande passion à lui, c’est la littérature : Shakespeare, Montaigne, Withman… Pour autant, la décision paternelle est radicale : il envoie son fils « en stage » sur le chantier du phare de l’île d’Erraid, un rocher perdu à 24 miles des côtes écossaises, au milieu de récifs très dangereux appelés les « Merry men ». Cinq ans plus tôt, le site piégeux a enregistré le triste record de 24 navires échoués ! Robert-Louis se plie à la décision paternel et monte, le vague à l’âme, à bord du navire commercial qui le déposera à Erraid. Arrivé sur place, il est bien mal accueilli par le contremaître qui le prend pour le nouvel apprenti. Robert-Louis n’en tient pas rigueur, il est subjugué par la poésie qui émane de cet endroit. Les embruns, la puissance de la mer, la majesté des paysages… tout pour nourrir son imagination de futur écrivain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce one-shot de près de 100 planches inscrit dans la collection Cabestan de Paquet, Chanouga fait un hommage romancé à Robert-Louis Stevenson, l’écrivain de la célébrissîme Île au trésor et de L’étrange cas de Docteur Jekyll et M. Hyde. A partir des éléments authentiques de sa biographie, Chanouga imagine en effet que l’idée de L’île au trésor lui est venue d’un stage punitif imposé par son père sur le chantier d’un phare situé sur une zone hostile au large de l’Ecosse. Ce sont les récifs de cette zone maritime dangereuse qui sont appelés les Merry men, ou les « hommes joyeux » en français. S’il est tout à fait exact que la famille de l’écrivain écossais fut réputée en matière d’ingénierie pour les phares, et que Robert-Louis Stevenson a mené une vie dissolue à l’époque en s’amourachant d’une prostituée, sa biographie officielle n’indique nullement une telle mission inspiratrice. Qu’importe : cette version romancée colle à la perfection à la personnalité de l’écrivain et aux éléments qui lui ont potentiellement servi de muse. En outre, le superbe dessin en couleurs directes de Chanouga magnifie les ambiances maritimes, les mystères oniriques, le XIXème siècle victorien et il fleure sublimement les embruns. Chanouga fait ici un très bel hommage, à la fois lyrique et documenté, à l’un des pionniers du genre fantastique et des récits d’aventures. Un dossier final complété d’une belle iconographie revient sur la complexité de la conception des phares et les éléments biographiques avérés de Stevenson.