L'histoire :
Un beau matin, la gouvernante des Bantry, un couple de riches sexagénaires, réveille ses patrons en totale panique : il y a un cadavre de femme dans leur bibliothèque. Mme Bantry, qui sort d’un rêve incongru et un peu onirique, croit qu’elle a la berlue et elle se fâche. Mais lorsque le couple descend au rez-de-chaussée, ils sont bien obligés de constater que le corps sans vie d’une jeune femme, aux cheveux blonds et en robe noire courte, se trouve effectivement au milieu de leur bibliothèque. Ils appellent aussitôt la police, et deux inspecteurs sont dépêchés sur place pour les premières constatations et relevés d’indice. Or Mme Baudry téléphone aussitôt à sa bonne amie Miss Marple, une voisine. Miss Marple a en effet quelques talents de détective, sans avoir l’air de trop y toucher. Et 20 minutes plus tard, Miss Marple se trouve déjà dans la bibliothèque, à aiguiller les policiers vers la propriété de Basil Blake, un excentrique qui travaille dans le cinéma et organise des partys avec ce « genre de filles ». Les policiers et Miss Marple se rendent aussitôt chez Blake pour l’interroger. Le personnage est effectivement rock’n roll et peu agréable, mais sa compagne blonde est bien présente et vivante. Miss Marple les aurait-elle emmenés sur une fausse piste ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un cadavre dans la bibliothèque est le 3ème des 13 romans d’Agatha Christie dans lesquels est mise en scène la perspicace Miss Marple. A l’origine, ce « titre » est un auto-pastiche du genre policier (c’est le roman qu’écrit un personnage de Cartes sur table, 10 ans plus tôt), une sorte de challenge imposé que s’est imposée la romancière : comment expliquer de manière cohérente et palpitante un tel crime comme point départ ? En écrivaine expérimentée, Agathe Christie s’est sort honorablement, avec ce qu’il faut de fausses pistes et d’explications à tiroir, même si le dénouement final est quelque peu tarabiscotée. Dominique Ziegler, qui adapte l’intrigue en bande dessinée, le fait de manière fidèle et méticuleuse. Quelques dialogues auraient peut-être mérité d’être allégés (les gros phylactères écrits en petit perdent toujours un peu le lecteur du XXIème siècle). Mais cela participe aussi d’un genre de « BD à papa » clairement revendiqué par la ligne claire utilisée par le dessinateur Olivier Dauger. Le registre graphique est ainsi très balisé : on repère même Blake et Mortimer en train de papoter dans le décor d’une case ! Pour respecter les codes, Dauger ne se prive pas de cases spectaculaires pleines pages (la découverte du fameux cadavre dans la bibliothèque, mais aussi l’hôtel où vit Jefferson, vu du dessus, puis vu d’un court de tennis, et enfin, une poursuite en voiture). Quelques rares erreurs de perspectives, de proportions ou de différences de traits, n’empêchent pas d’apprécier l’extrême lisibilité de ce registre graphique.