L'histoire :
A bord d’un frêle chalutier, un pêcheur a tendu sa canne et croit avoir fait une bonne prise. Il tire de toutes ses forces, au point presque de faire chavirer son bateau… et il remonte finalement un poisson très modeste. Hélas pour lui, il n’a pas vu que son embarcation toute entière se trouvait déjà entre les crocs dentus d’un monstre marin titanesque… qui croque tout. Ce monstre sort de l’océan au beau milieu d’une plage fréquentée par des touristes. C’est un carnage. Il piétine les gens, les tramways et pénètre dans la ville en marchant entre les immeubles. Plus loin, un joggeur fait ses élongations contre la balustrade d’un canal. Soudain, de gigantesques tentacules arrachent littéralement le parapet. Un second monstre marin s’extirpe de l’eau, tout aussi gigantesque. Il s’agit d’une pieuvre, qui s’est nouée un harpon au bout d’un de ses tentacules. Encore plus loin, ce sont les dockers du port qui voient s’immerger un troisième monstre géant, à carapace. D’une pichenette, celui-ci envoie valdinguer le container qui balançait au bout d’une grue. Puis il dévore un pétrolier et le liquide noir de ses cales, avant de cracher un monstrueux jet de feu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce one-shot 100% visuel et muet, le brésilien Gustavo Duarte s’est inspiré d’une thématique fantastique forte au pays du soleil levant : les kaiju – alias les monstres géants qui cassent tout dans des villes modernes, à la manière de Godzilla ou de King-Kong. En effet, trois monstres de chez monstres, encore plus géants et terrifiants que ce que vous pourriez imaginer, sortent ici de l’eau et se mettent à ravager une ville, sans plus d’explications que cela. Ce pitch s’avère surtout un exercice de style pour Duarte, qui lui permet de jouer avec les perspectives iconoclastes, les cadrages et les vues qui sortent de l’ordinaire, les macro-plans ou l’exergue inverse du gigantisme, à l’aide d’une griffe artistique semi-réaliste ultra-expressive. La force de sa narration visuelle donne le rythme et les effets nécessaires à ce récit, qui se lit néanmoins et logiquement très vite. L’autre inspiration explicite de Duarte, c’est Panoramix – oui, vous lisez bien ! Le héros-barman-sorcier de Monstres connait en effet une potion de vulnérabilité sur ces créatures et il ressemble carrément au druide d’Astérix, en mode filiforme et contemporain (jeans et baskets). Les Monstres de Duarte sont certes terrifiants, mais le brésilien reste toujours caricatural et bon-enfant, ce qui fait que ce petit bouquin (format comics) sous couverture rigide peut se lire par tout type de public, jeune y compris.