L'histoire :
Regardez bien en couverture : un militaire torse nu, avec un air parfaitement abruti, joue du Yukulele assis sur une roue de bombardier… mais ce n’est pas vraiment lui qu’on regarde. C’est la brune légèrement charnue, à la chevelure soyeuse, portant un maillot de bain une pièce au motif kitschouille typique des années 40, qui exécute une danse lascive de vahiné avec un sourire irrésistible, prompt à faire s’écraser sur le sol le bas de mâchoire du loup de Tex Avery. D’ailleurs, on ne voit pas les bas de mâchoire des autres soldats qui matent derrière, depuis l’appareil stationné sur la plage, car les orbites oculaires écarquillés prennent toutes la place des hublots. Cette entrée en matière frontale est un bon résumé de ce qui attend la gente masculine au cours des 46 pages intérieures. Vue en contre-plongée sur une infirmière qui monte dans un cockpit… Burma Belle pose en maillot sur le capot d’un camion, avec les jambes dressées vers le ciel… Une serveuse de snack apporte un plateau burger-frites à un pilote sur l’aile de son zinc… Miss Leanne en tenue militaire pose de profil à côté de son biplan en plein désert… Cliché aquatique : moitié dessus, un hydravion flotte dans la baie d’Honolulu ; moitié dessous, oh my god, une délicieuse vahiné aux formes charnues se baigne nue dans une eau translucide… Que des illustrations magnifiques pleines pages, parfois sur deux pages, exhibant les courbes affolantes de créatures de rêves sur fonds militaires.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cas où vous en doutiez, Romain Hugault voue une véritable passion aux pin-up et aux avions. D’ailleurs, toutes les séries BD qu’il édite chez Paquet semblent des prétextes entièrement tournés vers ce double objectif : dessiner des fuselages ultra-réalistes et des bombes sexuelles dans des positions lascives et/ou aguicheuses et/ou suggestives et/ou érotiques. Pour la quatrième fois, le dessinateur livre le résultat d’un exercice d’illustrations « gratuites », dans le sens où il ne s’embarrasse pas d’une direction narrative préalable pour mettre en scènes des pin-ups toutes plus sexys et sensuelles les unes que les autres. Ici, ces dernières posent généralement en petites tenues affriolantes (parfois totalement nues), avec un air mutin et un vague ustensile pour leur accorder de la contenance (paire de jumelle, verre à cocktail, stéthoscope…). En second plan, un avion repose ou vole sur un terrain d’opération varié mais toujours ensoleillé. Ne serait-ce l’aspect artificiel et calculé des postures, le réalisme accordé à ces scènes est juste… ébouriffant. Moi vouloir être pilote ! En préambule, signé par Hugault himself, l’auteur explique l’inspiration originelle de ces pin-ups que l’on peint en temps de guerre sur les carlingues des avions militaires (surtout durant la guerre du Pacifique). Au-delà de l’aspect décoratif, voler dans l’enfer du ciel en compagnie d’une jolie fille donne le sentiment d’être accompagné par ces dernières : or dans ce contexte martial tragique, où la vie ne tient qu’à un fil, tout ce qui peut maintenir le moral est bon à prendre. A part ce texte introductif justifiant au mieux l’intention de ce recueil, il n’y a ni texte, ni contextualisation. Ces filles sont là rien pour vous. Il serait dommage de les négliger…