L'histoire :
Dans la bourgade isolée de Dawson Hill, l'espoir s'étiole chaque jour qui passe. La caravane de ravitaillement, promise par le maire depuis des semaines, n'est toujours pas arrivée. A l'approche des élections, l'édile redoute de voir son fauteuil lui échapper. D'autant qu'il sait que la caravane a été attaquée par des Indiens, anéantissant tout espoir de ravitaillement. Ellen, tenancière de l'épicerie, voit ses stocks diminuer inexorablement. Contrainte de s'aventurer sur des routes périlleuses pour trouver de maigres vivres, elle n'est pas dupe de la situation. L'absence de la caravane ne relève pas du hasard. Au détour d'une ruelle, elle surprend une conversation compromettante et comprend que l'attaque n'était qu'un acte prémédité. Déterminée à déjouer ce complot machiavélique, Ellen se lance dans une enquête périlleuse. Son périple la mènera au cœur d'une conspiration qui menace l'avenir de Dawson Hill.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans les méandres d'une petite ville du Far West rongée par la peur et les secrets, Red Stone nous plonge dans une intrigue captivante orchestrée par le duo genevois Guillaume Main (scénario) et Alexandre Bayart (dessin). Le scénariste tisse une intrigue savamment construite où ombre et lumière se confondent, laissant planer le doute sur les intentions des personnages et le destin de la ville. Les habitants de Dawson Hill, pris dans une spirale de violence et de suspicion, sont confrontés à des choix difficiles qui les poussent à remettre en question leurs valeurs et leurs alliances. Les personnages évoluent dans un climat de suspicion permanente, où la frontière entre le bien et le mal est ténue. Ellen, tenancière d'épicerie au caractère bien trempé, se révèle être un personnage central et moteur de l'intrigue. Loin des clichés de la femme fragile et passive, elle s'impose comme une figure forte et déterminée, prête à se battre. Face aux dangers qui la guettent, elle ne recule devant rien et inspire par sa force de caractère et son sens de la justice. Le rythme de la narration est soutenu, ponctué de rebondissements inattendus qui maintiennent une certaine tension au fil des planches. L'aspect graphique est confié à Alexandre Bayart, qui livre un bel ouvrage pour son premier album. Son trait expressif restitue avec justesse les paysages arides de l'Ouest américain et les atmosphères pesantes qui règnent dans la ville. Les personnages, aux visages burinés par les épreuves de la vie, sont empreints d'une grande humanité. Bayart crée une ambiance sombre et mystérieuse qui correspond parfaitement au genre western et à l'intrigue de l'album. Red Stone se présente comme un western revisité, où les codes du genre sont détournés pour mieux explorer les thématiques de la violence, de la vengeance et de la rédemption. La violence n'est pas gratuite, mais plutôt le reflet d'une société brutale et impitoyable. Les personnages sont confrontés à des choix moraux difficiles et doivent assumer les conséquences de leurs actes. La question de la vengeance est également centrale, amenant le lecteur à réfléchir sur la notion de justice et sur le cycle infernal de la violence. Enfin, le thème de la rédemption est également présent, illustré par le parcours d'Ellen qui, malgré ses erreurs, cherche à se racheter. Une BD sombre avec une intrigue captivante, des personnages complexes et attachants, un rythme soutenu et un aspect graphique soigné.