L'histoire :
En avril 1947, deux inspecteurs de police sonnent à la porte de l’appartement de Michel Dangois, ancien sergent durant la seconde guerre mondiale. Ils lui apprennent le décès de son ami et supérieur Emile Brunel, mort assassiné. Dangois est abasourdi et accepte sans problème d’accompagner les deux flics jusqu’au commissariat. Sur place, il retrouve dans les couloirs un autre compagnon d’arme, Mohamed Ben Abdallah. Lui aussi est interrogé, lui aussi est un ami, lui aussi est un suspect dans cette affaire de meurtre. Chacun de leurs côtés, durant leurs interrogatoires, les deux hommes racontent comment ils ont connu Dangois. Pour Ben Abdallah, c’était en 1941, lorsqu’il s’est retrouvé affecté au 6ème Régiment de Tirailleurs Marocains. Il avait été froidement accueilli dans son nouveau dortoir par des gars du village voisin. Ces derniers lui avait piqué ses draps propres et ils l’avaient passé à tabac. Brunel était intervenu pour rétablir la discipline et avait su ne pas être trop sévère. Les jours suivants, la difficulté des exercices en pleine chaleur avait permis de remettre tout le monde sur un même pied d’égalité et d’entente. A l’époque, l’armée française devait obéir au régime de Vichy. Aussi, lorsque l’opération Torch se déclencha en novembre 1942 – le débarquement américain en Afrique du Nord, sous les ordres de Patton – les soldats français basés à Port Liautey accueillirent les libérateurs à coup de canons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Par le truchement d’un meurtre et d’une enquête policière, le premier tome (sur 3 prévus) de Sans peur et sans pitié nous fait découvrir la branche africaine de l’armée de la France libre. Les soldats du 6ème RTM (Régiment de Tirailleurs Marocains) engagés initialement sous le drapeau vichyste, vivent leur camaraderie en développant leur tempérament de Résistants – les héros sont généralement du côté des futurs vainqueurs. Sous prétexte d’interrogatoires, ils racontent leur camaraderie et leur histoire à travers des flashbacks, qui sont autant de séquences permettant de découvrir l’opération Torch, l’ordre initial d’attaquer les américains, le ralliement à la France libre des généraux de Gaulle et Giraud, les entrainements au débarquement… L’armée française rejoint rapidement la France libre, lors de la conférence de Casablanca en janvier 1943. Dans ce premier tome, l’enquête ne progresse certes pas du tout… Les amateurs de polar resteront sur leur faim, tandis que les amateurs de rétrospectives mémorielles se raviront de (ré)apprendre les détails du front méditerranéen de la seconde guerre mondiale. Le scénario de Jean-Luc Clerjeaud et Jean-Charles Gaudin abuse certes un chouya du procédé des encadrés narratif, mais cela permet de ne pas trop se perdre dans un entrelacs complexe de relations entre soldats et inter armées. Ce premier tome bien dense est dessiné avec force détails, au sein d’un découpage serré, de manière semi-réaliste, par Davide Fabbri. Bien documenté, ce dernier livre de très belles cases de mouvements militaires. Un dossier spécial final, avec photos et cartos, reprécise judicieusement les grandes dates et les enjeux.