L'histoire :
A une époque médiévale fantastique, un astéroïde brillant se rapproche de la Terre à vitesse grand V. Les aruspices n’augurent rien de bon. A minima, un cataclysme est inévitable, qui va provoquer un brasier géant et des tsunamis sur toute la surface de la planète. Le puissant roi et son âme damné, un colonel machiavélique, se sont ainsi réfugiés avec leur garde rapprochée dans une citadelle haut-perchée sur une montagne, espérant ainsi éviter le pire. Dans le même temps, quatre rescapés d’une tuerie se sont ligués pour tenter eux aussi de surmonter l’apocalypse. Shayne, femme soldat et mercenaire, s’est liguée à Leander, dresseur d’oiseaux, à Shelter, une voyante d’une grande beauté, et à Tétra, la jeune fille orpheline d’une esclave de plaisirs qui appartenait jadis au harem du roi. Ils apprennent l’existence de la citadelle et comptent donc rejoindre ce site et réussir à y pénétrer. Ils espèrent pouvoir compter sur un allié sulfureux, un lingual, sorte de dragon sans ailes, dont la sauvagerie n’a d’égal que l’intelligence. Ils ignorent alors que le lingual n’est pas un animal, mais un parasite… qui a déjà changé d’hôte. Quelques jours plus tard, alors que le groupe approche de la forteresse en nid d’aigle, le lingual se présente à eux sous la forme d’un gorille. Il a aussi trouvé un moyen de pénétrer dans le château. Un moyen immonde… mais tous les moyens justifient la finalité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel étrange récit médiéval-fantastique ! On n’en attendait pas moins de la part du scénariste Stephen Desberg, qui apprécie promener ses lecteurs sur les sentiers ésotériques, quitte à ne pas expliquer grand-chose. Après tout, on ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment… et puis l’ambiance mystérieuse suffit généralement à accrocher. Nous voilà donc à une époque médiévale qui, historiquement, n’est pas la nôtre, avec une « étoile mystérieuse » qui se dirige droit sur la planète. Comme dans le Tintin, l’apocalypse est inévitable, elle est annoncée sans détour par les mages et les astrologues. Et contrairement à Tintin, quitte à divulgâcher un chouya la fin, l’astéroïde va bel et bien entrer en collision et déclencher un cataclysme. Le récit vaut surtout pour l’ambiance crépusculaire qui s’en dégage. Bien plus que pour l’intrigue légèrement confuse, qui oppose un groupe de combattants à un puissant seigneur, avec un « lingual » au milieu de tout ça. Le lingual est un parasite fantastique qui change d’hôte comme de chemise… et il faut avouer qu’on finit par s’y perdre dans ses transferts, ses desideratas et ses objectifs. Le plus décevant vient du dessin de Chaiko, qu’on a connu au firmament sur La chronique des immortels ou La fille de Shanghai. Quand on connait le talent de cet artiste chinois, on se désole qu’il fasse vraiment le minimum syndical sur cette seconde partie de diptyque. Les proportion et le découpage sont toujours au top, mais les personnages sont souvent plus proches du rough, avec un trait à peine fignolé… les décors sont quasi absents et la colorisation est terne et sommaire : souvent de la brume grise-blanche. On a le sentiment qu’il a quelque peu bâclé la conclusion, pour se dépêcher d’au moins la terminer, avant l’apocalypse.
