L'histoire :
Français, bedonnant et quinquagénaire, Guy Camier débarque pour la première fois à Madagascar, mais pas vraiment pour y faire du tourisme. Il est venu y chercher Marie-Belle, sa femme depuis 2 ans, native de l’île, qui n’est pas rentrée en France après un voyage dans sa famille. Pour la retrouver, il a engagé un baroudeur privé bourru, Ciemerski, un ancien légionnaire qui est toujours resté sur l’île après avoir quitté l’armé. Dès les premières heures dans cette civilisation, c’est un choc. Camier trimballe une pure dégaine de touriste occidental et tombe dans tous les pièges. Les autochtones l’interpellent alors par « Vazaha », ce qui signifie en gros, « blanc à pigeonner ». Pour pouvoir balader son client en 4x4 aux quatre coins de l’île, au gré de pistes défoncées et de renseignements parfois bidons, Ciemerski engage un chauffeur local, Daude. Marie-Belle aurait travaillé dans un dispensaire… Elle serait retournée chez son ancien mari… Elle serait partie vivre avec sa sœur… A chaque fois, ils font chou blanc. En dépit de ses bons conseils, Ciemerski se moquerait-il de lui ? Le détective tête brûlée dépense en prostituées, le fric que lui donne Camier. Il lui conseille d’ailleurs d’en faire autant : ça fait marcher l’économie locale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le périple de ce français bedonnant et quinquagénaire, parti sur l’île de Madagascar pour récupérer sa femme, est un prétexte pour faire partager en profondeur les mentalités et la vie des malgaches, c'est-à-dire en dehors des circuits touristiques pré-formatés. L’auteur, Denis Vierge, a sillonné durant des mois cette île de la taille de la France, comme le prouvent ses notes et croquis en annexes. De cette expérience tantôt émouvante et tantôt affolante, il a extrapolé une fiction particulièrement bien fichue pour faire le tour des caractéristiques et des mœurs de cette société tiers-mondiste. Le héros anti-charismatique est un Vahazabe, qu’on pourrait traduire par « un français à pigeonner », à qui il en arrive des vertes et des pas mures. Néanmoins, son aventure dans ce pays pauvre, où prospèrent (!) plus de 1000 ONG, reste plausible, bien que parfois très tendue… Sans complaisance, Vierge bouscule les certitudes sur le tiers-monde, la responsabilité du blanc, le tourisme sexuel… Il trouve le juste milieu entre la mise à mal des clichés et un brossage en règle des maux inhérents à la pauvreté – prostitution, corruption, insalubrité. S’il se garde bien d’être manichéen ou donneur de leçons, l’auteur évoque tout de même un début de piste pour sortir de la mouise : l’éducation. En trame de fond, pointe le rapport de l’occidental et de son comportement (néo-colonial) face aux pays pauvres. Au final, comme souvent dans les récits de voyages, Camier se trouvera surtout lui-même (cf. Nous ne sommes pas des héros). Son dessin n’est certes pas des plus peaufinés, mais il demeure cohérent et fluide tout au long des 112 pages de cet album au format… à l’italienne !