L'histoire :
Par un printemps ensoleillé, le ciel de Kyoto s’emplit de fleurs de cerisiers que le vent dépose avec malice au hasard des rues. Une branche cassée portant quelques unes de ces fleurs attire l’attention de Ryoko. Elle l’emporte avec elle, décidée à lui donner, dans un vase, un surplus d’existence. Mais en croisant, un peu plus tard, le regard attendri de Zobo, un pantin de bois, la jolie jeune fille dépose au centre de son cœur la branche de cerisier. Ce geste lui attire les foudres du propriétaire qui réclame un dédommagement, car il est désormais impossible de retirer le rameau. Ryoko est sauvée in extremis par un acheteur qui ne lésine pas sur les moyens pour acquérir le petit pantin. Elle laisse ainsi partir gentille marionnette et branche de cerisier, mais se surprend à reconnaitre le jeune garçon qui accompagne le nouveau propriétaire : Doku, un nouveau lycéen qui arrive de Tokyo. Le jeune homme, quant à lui, semble avoir peu d’intérêt pour le pantin qu’on vient de lui offrir. Il devrait pourtant, peut-être, car depuis qu’une branche a touché son cœur, Zobo semble être parcouru de sentiments humains. Des nouvelles sensations qui ne tardent pas à lui donner envie de quitter sa nouvelle demeure pour s’empresser d’aller retrouver la jolie jeune fille qui lui a donné vie et dont il veut respirer à nouveau le parfum…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Touché en plein cœur par une branche de cerisier déposée par hasard par la jolie Ryoko, Zobo, un pantin de bois, prend vie dans une Kyoto judicieusement colorée par les pétales de Sakura. Cette dernière (la fleur de cerisier) est pour les japonais le symbole du caractère éphémère des bonheurs du monde. Et c’est justement là tout le sens que Nie Jun a voulu donner à sa fable douce-amère. Servi par des aquarelles capables d’une relation quasi charnelle avec le papier, la beauté des sentiments ne tarde pas à jouer l’évidence. Et même si tout se complique lorsqu’amour et différents protagonistes ne font pas forcément bon ménage, le sens aigu de l’abnégation l’emporte pour qui sait garder une place dans son cœur pour y faire pousser quelques fleurs… Alors certes, l’angle choisi, mêlant douceur du trait, amours adolescentes, différences sociales, symboles plan-plan et pantin lunaire, laisse un parfum mièvre manquant d’aspérité. Mais l’ensemble est servi avec une telle poésie qu’on se laisse accrocher sans aucune difficulté : c’est tellement bon 46 pages de douceur, parfois. Nie Jun promet d’ailleurs d’offrir ses aquarelles pour faire vivre d’autres aventures à Zobo : d’autres histoires dans différentes régions du monde ; d’autres fleurs dont le « caractère » guidera l’esprit du pantin. Au final, l’ensemble devrait constituer un tout et permettre à l’auteur de se livrer à une réflexion sur le sens de la vie. Quelle que soit l’intention, on pourrait bien se risquer à suivre Nie Jun les yeux… grands ouverts, pour peu qu’il continue de nous faire partager sur papier son incroyable sensibilité.