L'histoire :
Le 1er mai 1903, le naturaliste John Muir reçoit une missive du Président de la République américaine lui-même. Malgré les mises en garde de son cabinet contre cet activiste, Théodore Roosevelt a été sensible à son argumentation et il accepte de l’accompagner à Yosemite. 15 jours plus tard, les deux hommes font connaissance de visu sur le quai de la gare de Raymond (Californie). L’expédition à travers les reliefs de Yosemite est initialement composée d’une demi-douzaine de personnes. Mais rapidement, Roosevelt demande à rester seul à seul avec Muir, notamment pour les dernières ascensions vers des panoramas splendides. Muir, lui, emporte juste une couverture. Il a appris à récupérer tout ce dont il a besoin dans la nature. Chemin faisant, Muir raconte à Roosevelt sa jeunesse en Ecosse, son éducation « à la dure » par un père austère et sévère presbytérien. Prières, travail et apprentissage par cœur de passages de la Bible étaient son quotidien. Dès qu’il le pouvait, John s’échappait avec son frère et ses copains pour jouer dans la lande écossaise. Il appréciait aussi regarder sa mère planter des herbes aromatiques et des lys dans un coin de jardin. Et puis du jour au lendemain, en 1849, toute la famille avait émigré aux Etats-Unis. Le père avait acquis un bout de terre dans un coin de nature sauvage du Wisconsin et ils partaient tous s’installer là-bas…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette biographie (partielle) aurait pu être baptisée simplement « John Muir » ou « Le pionnier de l’écologie ». L’auteur Clément Baloup choisit un titre à rallonge plus complexe, mais qui dit tout sur la véritable question philosophique et la place de l’homme sur notre planète, propos sous-jacent de la biographie. Emigré écossais aux USA à la moitié du XIXème siècle, John Muir est donc l’activiste naturaliste qui a découvert (ou eu l’intuition de) la cause écologique. Au terme d’une immersion de 3 jours dans le décor naturel de Yosemite, il a notamment réussi à convaincre le président américain de l’époque de classer le site « Parc National ». Le premier d’une légitime série. Baloup livre sa biographie à travers diverses séquences en flashback, qui correspondent au récit que Muir fait de lui-même au président Roosevelt. On découvre ainsi sa fascination de jeunesse pour les machines et sa capacité à en construire. L’ingénierie dans l’âme qui forge sa personnalité aurait ainsi pu l’amener à « devenir millionnaire ». Elle fut cependant entièrement mue par l’observation des mécanismes de la nature. Or étant donné l’immensité et la diversité des paysages sauvages du Nouveau Monde, on peut comprendre que Muir ait préféré une vie d’aventurier, dans des conditions parfois extrêmes de chaleur ou de grands froids, à celle du modèle de développement industriel et moderne américain. Avec ses couleurs étalées et débordantes au lavis, le dessin à l’encrage fin n’est certes pas toujours des plus « gracieux » et il ne fait pas toujours honneur à la beauté de la nature… Pour autant, cette biographie est particulièrement instructive sur la genèse de la principale et primordiale cause humaine de notre époque.
