L'histoire :
Lina Molina a 12 ans. Elle en a assez de devoir porter les robes affreuses et les tenues de fifille que lui achète sa mère. Elle préfère porter les tee shirt de son petit frère Théo, dans lesquels elle se sent plus à son aise. Lila déteste son corps et l’image que lui renvoie le miroir. Cette poitrine, elle n'en veut pas et elle la camoufle par tous les moyens. Lila se questionne. Elle a le béguin pour sa cousine lors d’un séjour estival. Des vacances qu’elle trouve éprouvantes : il faut sans cesse se balader et se dénuder à la plage... or elle ne se sent pas comme les autres filles de son âge. Lila préfère clairement les jeux de garçons. Même si elle est amoureuse de Faustine, son amie depuis la maternelle, avec laquelle elle partage une relation, elle reste attirée par d’autres filles qu’elle trouve bien plus belles et intéressantes que les garçons. Ses amies voient en Lila un « mec » gentil et attentionné. Mais voilà Lila veut allez plus loin : changer de nom, d’identité, de corps... de sexe ! Ses parents ne la prennent pas au sérieux dès le début. Ils mettent cette lubie sur le compte de la crise d’ado. Mais Lila est mal dans sa peau, au point de se scarifier. Elle est agressive, provocante et insolente envers ses parents. Constamment en colère, elle en veut à la terre entière de ne pas être celui qu’elle voudrait. Madeleine, sa mère, craque. Elle ne veut pas admettre que sa fille lui échappe. Lila comprend que sa famille souffre de son choix. Après acceptation de ses proches, elle commence une thérapie avec un psy. Enfin, tout va changer. Lila consulte un endocrinologue et commence un traitement hormonal visant à accentuer sa transformation physique. Elle devient officiellement Nathan.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Catherine Castro est journaliste à Marie-Claire et autrice. Appelez-moi Nathan est sa première bande dessinée, qu’elle co-écrit avec Quentin Zuttion. Cette histoire est inspirée de faits réels, certes, mais ceux-ci sont présentés surtout dans les grandes lignes. En effet, certains aspects sont peu explorés. Il existe tellement d’exemples et de cas différents qu’il est sûrement compliqué de les généraliser en un seul ouvrage. La quête identitaire est scénarisée par de plus en plus d'auteurs, y compris en BD. Le sujet est de moins en moins tabou. La mise en images permet néanmoins de véhiculer des messages de façon plus « ludique » et vise un public plus large. Dans cette lecture, Catherine Castro scinde la crise d’adolescence avec la crise identitaire par une mise en évidence des choix de Lila, et de ses envies depuis sa plus tendre enfance. Elle souligne l’importance du soutien de l’entourage (ce qui n’est pas toujours le cas), de l’incompréhension au questionnement des parents d’un(e) ado qui n’est pas né(e) dans le bon corps, le regard des autres, les jugements et parfois le sentiment de honte. Le graphisme de Quentin Zuttion, comme à son habitude (Touchées, Drosophilia, Chromatopsie) est réalisé avec une grande délicatesse, dans un style doux à l'aquarelle. Une utilisation juste des couleurs et des traits différencie bien les moments positifs, des moments douloureux. La puberté est « belle » à travers ses dessins. Voilà une lecture touchante sur la quête identitaire, un sujet ô combien sensible, à travers lequel le lecteur mesure la détresse d’un parcours long et difficile. Une vision sensible et positive du transgenre pleine d’espoir !