L'histoire :
Dans le New York des années 70, Horse Badorties est un véritable électron libre. Il squatte dans sa turne (sorte de taudis sale et au confort rudimentaire) envahie de détritus en tout genre (partitions empilées, tas de sacs poubelles bourrés d'ordures, de poêles à frire encroutées, incrustées de mouchetures de saloperies putréfiées par la graisse). Il vient juste de se réveiller, étend ses bras en l'air. Il est décidé à faire un tour de dehors. Pour cela, il va devoir choisir sa garde-robe du jour. Il traverse un tas de fringues cradingues. Et là, c'est le miracle : il tombe sur un futal salingue incroyablement froissé, une chemise avec une manche et, pour cravate, il prend ce serpent japonais en caoutchouc. Pour tenir son falzar, une rallonge électrique fera l'affaire. Ah tiens, Horse Badorties doit passer un coup de fil en Alaska. L'appel terminé, Horse s'aperçoit qu'il a la dalle et ouvre son frigo. À l'intérieur, rien de bien appétissant : une sorte de légume ratatiné, dégueu, bien pourri. Il décide de retourner se coucher. Il allume son ventilo japonais portatif à piles. La note bourdonnante qu'il produit, le doux babillage le berce et l'endort. Il rêve de symphonies. Quand il se réveille, il a une idée. Et si, et si... il montait une Chorale de l’Amour qui chantera dans des ventilateurs pour atteindre l’harmonie parfaite. Naviguant entre le Lower East Side, Greenwich Village et Chinatown, Badorties croise des personnages hauts en couleur dans un décor chaotique où règne la liberté totale...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Adapter un roman de l'iconoclaste William Kotzwinkle aussi singulier que Fan Man était un sacré défi. Cet auteur beatnik, très loufoque, se rapproche de l'homme-dé de Luke Rhinehart, autre roman frappadingue. Gaet’s et Julien Monier s’en sortent avec brio. Le travail d’écriture de Gaet’s capture l’irrévérence et l’humour absurde de Kotzwinkle, tout en modernisant certains dialogues pour toucher un lectorat contemporain. Horse Badorties, antihéros lunaire, est à la fois hilarant et touchant, incarnation parfaite de la liberté totale et du refus des conventions. Le New York beatnik de Horse Badorties prend vie avec un dessin nerveux et expressif, fidèle à l’esprit déjanté de l’œuvre originale. Les traits légèrement caricaturaux, les teintes chaudes et parfois éclatantes évoquent une ville en constante ébullition, où chaos et poésie se mêlent dans une harmonie étrange mais envoûtante. Les scènes sont rythmées par une mise en page inventive et audacieuse, qui reflète le désordre mental et physique de Badorties tout en nous plongeant dans l’ambiance d’un New York cosmopolite et rebelle. Entre les pérégrinations absurdes de Horse et les personnages secondaires, hauts en couleur, la lecture devient un voyage sensoriel, une plongée dans un monde où tout est possible. Fan Man est bien plus qu’une adaptation : c’est une redécouverte d’un roman culte, une invitation à errer dans un univers aussi drôle qu’attachant. Chez Planetebd, on est fan de cet album des auteurs de RIP !