L'histoire :
Le 4 juin 1944, sur le marché d’Oradour-sur-Glane, les discussions tournent beaucoup sur le débarquement probable des alliés. Les maquisards multiplient les sabotages, les allemands vont donc être sur les dents. Les jeunes, eux, continuent d’avoir des projets à court terme : ils se donnent rendez-vous le samedi suivant, pour profiter d’une séance du cinéma ambulant. A Oradour, on n’a pas trop peur. Les radounauds (habitants d’Oradour) n’ont vu les chleuhs qu’une fois au cours de la guerre : quand ils sont passés rapidement en novembre 1942. Le village, qui doit bien abriter un ou deux réfractaires au STO, n’est pas vraiment un haut lieu de la Résistance, ni un carrefour stratégique d’aucune espèce. Et pourtant, la 2ème division de SS « Das Reich » va en faire sa cible une semaine plus tard, dans son trajet de remontée depuis Montauban jusqu’aux combats en Normandie. Leur expérience sur le front de l’Est les a rendu cruels et totalement dévoués à la cause nazie, quand bien même elle se constitue de soldats alsaciens et mosellans de culture germanophone, des « malgré-nous » comme on les appellera plus tard. Ils sont commandés par Adolf Diekmann, qui souhaite éradiquer tous les maquisards de cette « petite Russie »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il en va des ouvrages sur la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane (le 10 juin 2024, ce sera les 80 ans), comme de la panthéonisation de Missak Manouchian : il n’y en avait aucun sur le sujet, et en deux semaines, ça pullule. Celui-ci édité par les éditions Petit à Petit ne déroge pas au principe didactique de la maison d’édition. Trois dessinateurs (Maria Riccio, Emmanuel Cerisier, Aurnaud Jouffroy) se relaient pour illustrer les séquences BD. L’ensemble est scénarisé par Philippe Tomblaine, qu’il s’agisse des scénarii des séquences BD ou des interludes documentaires et iconographiques. Il ne fallait pas en attendre plus de cet authentique professeur d’Université et historien qu’un focus complet, exhaustif et à la portée de chacun sur le massacre d’Oradour. Les séquences s’enchainent, selon la chronologie idoine : la vie de ce patelin de 1500 âmes avant la tragédie, la description de ce qu’était « Das Reich », la division de SS et de « malgré-nous » qui a commis ces atrocités dans le but imbécile et gratuit de « faire un exemple », la période de deuil et d’acceptation de l’impensable, les procès et les commémorations successives. Le moment du massacre en lui-même est logiquement (moralement) peu illustré, mais pas oublié. Ce dernier est surtout abordé selon les points de vue successifs de quatre survivants – Roger Godfrin, Robert Hébras, Marguerite Rouffnche, Camille Senon. La question de la culpabilité des malgré-nous est également abordée : ont-ils été complices ou obligés ? L’ouvrage petit format ne restera certes pas comme du grand 9ème art, mais il est assurément le plus instructif de tous ceux parus en cette période.