L'histoire :
Laetitia et David ont invité leurs nouveaux voisins à venir fêter la grossesse de Laetitia. Mais Sylvain arrive avec une bouteille de champagne… car lui aussi a un heureux évènement à fêter : sa femme Tiphaine est également enceinte ! Les deux couples sont ravis de mettre au monde des enfants qui auront le même âge et qui pourront donc jouer ensemble. David, qui a passé sa jeunesse dans des foyers et à la prison, voit une sorte de revanche de la vie, qui lui offre une double famille qu’il peut choisir. Timo nait chez Laetitia et David ; Maxime nait chez Tiphaine et Sylvain. Quatre ans plus tard, les enfants sont éduqués comme s’ils étaient frères. Ils aménagent un passage secret à travers la haie qui sépare leurs deux jardins. Les garçons s’entendent comme larrons en foire et les deux familles sont tout le temps les uns chez les autres. Un jour, ils évoquent l’idée de créer un portail entre les jardins, afin de se simplifier la vie. Mais David a un doute sur cet aménagement. Ce qui fait que leur amitié fonctionne, c’est justement qu’ils sont chacun chez soi, qu’ils ne s’envahissent pas. Les enfants grandissent, font des petites bêtises de leur âge et les légères tensions logiques qui apparaissent s’effacent vite. Jusqu’au drame, qui va tout changer. Radicalement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un flashforward donne le ton de la « haine » évoquée dans le titre, afin de fixer un objectif de tension. Puis les 20 premières pages de cette adaptation du roman de Barbara Abel mettent en scène l’éducation heureuse et fraternelle de deux jeunes couples, voisins et parents de garçons du même âge. Un premier climax intervient dès la p.25, avec un accident mortel qui va faire basculer cette chronique d’amour ordinaire en spirale haineuse de thriller. L’adaptation de Séverine Lambour est dynamique, mais elle prend le temps d’installer les personnages dans leurs psychologies, avant que la mort de l’un des enfants vienne mettre un savant bordel… et le mécanisme de la haine, la suspicion des manipulations. C’est plutôt efficient, sans lourdeurs de dialogues, un véritable page-turner. Au dessin, Rachid N’haoua déroule un style semi-réaliste encré impersonnel mais bien en place, au travers de choix de cadrages et de découpage justes, souvent complétés par le souci du détail dans les décors – le mobilier contemporain du foyer. Cette griffe a toutefois du mal à tenir la distance des 94 planches… On relève en effet des proportions légèrement plus douteuses et un trait simplifié vers la fin. La colorisation systématiquement en aplats de différentes bichromies apparaitrait comme un choix original si les sauts de teintes obéissaient à une logique narrative. Or on passe du bleu au rouge ou au jaune d’une case à l’autre de manière totalement gratuite, sans autre souci qu’une polychromie d’ambiances pour ne pas lasser l’œil. Ça n’empêche pas ce thriller domestique d’être parfaitement efficace, jusqu’à son final glaçant.