L'histoire :
L’alerte est donnée dans un laboratoire d’Afrique du Sud. Un interminable son strident retentit, les singes paniquent, les chercheurs eux-mêmes prennent leurs jambes à leurs cous et conseillent aux vigiles d’en faire autant ! L’un d’eux voit une occasion inespérée de profiter de l’abandon du site pour piquer l’un des singes. Dans la pagaille, personne ne le remarquera… Ces bestioles se revendent une fortune sur le marché noir. Malheureusement pour lui, il ne réussira pas son coup : quand il ouvre la cage du chimpanzé sur lequel il a jeté son dévolu, ce dernier agresse son chien. Le vigile pique donc un singe plus jeune, qu’il cache dans sa chemise… puis dans une cage de transfert de son pick-up, avant de prendre la route du retour. Un mois plus tard, une chercheuse en laboratoire médical de Pretoria reçoit par courrier un cas d’étude ahurissant : un éléphanteau est né avec deux défenses en plus, sous la mâchoire, comme l’ancêtre préhistorique des pachydermes, le gomphotherium. Elle lance quelques cultures du virus probable en cause et part une semaine en vacances. A son retour, le virus inoculé à un gibbon a provoqué une mutation génétique radicale : ses poils se sont développés, il est devenu agressif et une queue lui est poussée… comme son ancêtre, il y a 30 millions d’années. C’est le début d’une terrible épidémie régressive, qui va bientôt s’attaquer aux humains…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre l’épidémie de Covid-19 et La planète des singes de Pierre Boule, il y a le roman de Xavier Müller, Erectus. Dans ce thriller biologique, un virus fait régresser en quelques jours le patrimoine génétique des infectés pour les faire régresser de quelques millions d’années sur l’échelle de l’évolution. En gros, si les éléphants redeviennent des gomphotherium, les oiseaux mutent en ptéranodons et les humains en homo erectus. Cette bonne idée de départ, flippante à souhait, déclenche tout un tas de questions sociales et de santé publique. Etant donné que la contamination se fait par le sang, ces homo-erectus, qui peuvent être votre amoureux ou votre grand-père (comme dans l’histoire), doivent-ils être éradiqués en raison de leur dangerosité ? D’ailleurs sont-ils des humains ? Parle-t-on de génocide sur des êtres primitifs qui représentent une menace pour l’humanité ? Ou peut-être peuvent-ils être « rééduqués » ? C’est un mélange d’intrigues, entre action (traque, évasion, exfiltration…), considérations scientifiques et discussions étatiques, que propose l’adaptation d’Eric Juszezak, certes fidèle au roman, mais étayée par des dialogues peu incarnés. La longue adaptation (101 pages, bien denses !) ne parvient pas à rendre les personnages attachants et intéressants et aurait mérité de s’affranchir de bien des détails superfétatoires. Le découpage est aussi très distant, ou morcelé… les séquences manquent de fluidité, de souffle romanesque. Reste le dessin encré, réaliste, documenté, régulier et souvent juste, mais très académique.