L'histoire :
New York, de nos jours, dans les bureaux de l’agence des invisibles c’est l’effervescence. Les deux fondateurs, Norman Cooper et Kuma Takara, accueillent une nouvelle recrue. Lilia Hanouni est un ex-agent du renseignement français, la DGSE. La petite équipe semble heureuse d’accueillir un nouveau membre. Sauf peut-être Anton Cooper, le fils de Norman, qui voit avec cette nouvelle arrivée une possible concurrence pour son statut de « leader » bien établi. Au même moment, une femme se présente à l’entrée de l’agence. Julia Müller a une nouvelle mission peu commune pour l’agence des invisibles. Son père, Heinrich Müller, était pilote d’un bombardier allemand durant la bataille d’Angleterre. Le bombardier aurait alors été touché par l’aviation britannique. Or ni l’avion, ni l’équipage, n’a été retrouvé. Un dilemme éthique difficile pour les membres de l’agence. Cependant, que l’homme soit un héros ou un criminel de guerre, l’agence a pour vocation de donner des réponses aux familles des personnes portées disparue. De plus, les honoraires proposées sont plus qu’alléchants. L’équipe d’investigation est ainsi envoyée en Angleterre, dans le Devon, dans une petite commune d’apparence calme. C’était sans compter sur la réticence agressive des habitants qui n’apprécient guère qu’un groupe d’étrangers remue le passé.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le célèbre écrivain Marc Levy s’essaie au scénario de bande dessinée, appuyé par Sylvain Runberg, scénariste aguerri et rompu à l’exercice de l’adaptation littéraire (cf. le Syndrome [E] ou sa suite Gataca chez le même éditeur). La mécanique du scénario est plutôt simple. Une équipe hétéroclite de recherches et d'investigations se met en quête d'une personne disparue, sur mandat de la famille. Lorsque la personne recherchée est un ancien nazi, l’intrigue devient intéressante... et lorsque les habitants se cachent derrière des non-dit et des secrets, l’intrigue devient palpitante. L’équipe met les pieds dans un véritable panier de crabe. Le récit est plaisant à lire, même si les ficelles de l’intrigue sont plutôt grossières. Les nombreux rebondissements permettent d’apporter du corps au scénario. La série sera constituée d’affaires indépendantes. Les récits complets se complèteront à chaque fois, on l’espère, d'une ou plusieurs histoires secondaires intéressantes. Au niveau du dessin, le très expérimenté Espé tient le crayon, connu, entre autres, pour ses Châteaux Bordeaux. Le trait est réaliste et les visages tirent un peu sur le caricatural, sans entrer dans le burlesque. Le découpage moderne permet une belle fluidité dans l’enchainement des cases et de l’action. Ce procédé « colle » bien au registre du récit. Une fois encore, l’ambiance graphique est en parfaite adéquation avec la forme et le ton, ce qui aboutit à un bel album. L’agence des invisibles part du bon pied en offrant un récit simple, fluide et plaisant.