L'histoire :
Le soir du 23 août 1989, une famille de quatre personnes roule un peu vite à bord d’une Renault sur une route escarpée de Corse. Dans un virage, le père de famille au volant perd le contrôle du véhicule, qui fait une chute vertigineuse dans un ravin. Seule la jeune fille de 15 ans, Clotilde, en réchappera. Les pompiers allongeront 3 corps sans vie sous des draps. 27 ans plus tard, Clotilde revient sur les lieux du drame et demande quelques minutes de recueillement à son mari Franck et sa fille Valentine (17 ans). Ils ont loué un chalet au camping des Euproctes pour quelques jours de vacances estivales. Moult souvenirs reviennent logiquement hanter la mémoire de Clotilde. Elle se pose encore des questions. Pourquoi son père n’a-t-il pas tourné ce jour-là ? Pourquoi son frère n’avait-il pas l’air surpris au moment de la sortie de route ? Or après 24h sur place, Clotilde reçoit étrangement une lettre signée « P »… et qui porte l’écriture de sa mère, Palma ! Des détails intimes évoqués dans le courrier convainquent Clotilde que sa mère est toujours en vie. Ce qui est totalement improbable. Dans ce courrier, « P » demande à ce que Clotilde et sa fille s’installent sous un gros chêne, le soir où elles iront dîner chez les grands-parents Cassanu et Lisabetta, afin qu’elle puisse les observer de loin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one shot publié chez Philéas, éditeur spécialisé dans les adaptations est une… adaptation du roman éponyme de Michel Bussi, par le scénariste Frédéric Brrémaud et la dessinatrice Nathalie Berr. Comme base de ce thriller familial très tortueux, il y a la réapparition fantomatique d’une femme censée être décédée dans un accident de la route 27 ans plus tôt. « L’enquêtrice » est ici la fille de cette femme, toujours tourmentée par ce drame de jeunesse, qui a vu disparaître toute sa famille. Devenue mère à son tour, originaire de la Corse où se déroule 100% de l’intrigue, elle essaie de démêler les nœuds de l’affaire. Entre l’omerta de rigueur, les secrets de famille, les intérêts immobiliers, les adultères ignorés, les amourettes de jadis et son propre couple qui bat de l’aile, Clotilde fait honneur à son caractère opiniâtre et remue la vase… jusqu’à la révélation finale et rocambolesque. Bussi a vraiment chargé la barque dans la mécanique retorse de l’affaire. La gestion du suspens veut que les mystères s’accumulent et qu’on ne sache jamais avant la toute fin si la mère de famille est en vie, ou si « quelqu’un » joue avec son souvenir de manière fantomatique. Rassurez-vous, tout s’explique à la fin, même si c’est quand même sacrément torturé, notamment au niveau d’une psychologie de personnages improbable. Brrémaud a conservé un maximum de la matière romancée première – cette adaptation BD est épaisse et souvent chargée en récitatifs ! Comme pour délivrer des morceaux de puzzle, l’adaptateur intercale régulièrement avec l’intrigue au présent les flashbacks issus du journal intime d’adolescente de Clotilde (sur papier jauni). Le dessin de Nathalie Berr, qui se fait rare en BD, ces derniers temps, n’a quant à lui rien perdu de sa précision réaliste. Il faut tenir la distance, sur 112 pages ! Les personnages sont expressifs, les paysages de la Corse envoûtants et malgré la météo estivale, et donc les couleurs contrastées la tension est palpable.