L'histoire :
Ce jour-là de l’année 2006, l’inspecteur Verlaine se gare à proximité d’une luxueuse propriété de Louisiane. Il est venu voir Antoine Feraud, un puissant parrain de la pègre surnommé « Papa Toujours ». Il traverse sans menace, mais craintif, la garde rapprochée de plusieurs hommes armés qui le laissent entrer dans la maison. Il s’installe finalement face à un vieil homme en costume blanc. Il lui demande s’il sait quelque chose au sujet d’un macchabée retrouvé avec le cœur à côté de la poitrine et le motif de la constellation des gémeaux dessiné dans son dos. Feraud reste un instant songeur et congédie le policier sans rien lui révéler. Lui sait, il a compris. De retour au bureau, Verlaine reçoit la visite d’agents du FBI qui l’informent qu’ils prennent en charge l’enquête et qu’il doit immédiatement tout leur transmettre. Le corps retrouvé était le chauffeur du gouverneur de Louisiane, dont la fille Catherine, 19 ans, a été enlevée. Deux jours plus tard, un anonyme appelle le FBI avec une voix posée et leur propose de tout leur expliquer. Les analystes déterminent qu’il est âgé d’environ 60 ans, qu’il vient du Sud-Est des USA, Floride, Louisine ou Cuba. Il demande à être reçu par l’inspecteur Ray Hartmann de New York. Hartmann est ainsi contacté par le FBI newyorkais et accepte de se rendre à la Nouvelle Orléans. Dans les jours qui suivent, il va rencontrer son mystérieux interlocuteur, un certain Ernesto Perez, qui a passé sa vie au service de la mafia. Perez se rend de lui-même aux fédéraux, en paix, et négocie de très lourdes révélations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’écrivain RJ Ellory a publié le roman Vendetta en 2005. Voici ce polar dans la pure veine mafieuse publié par les éditions Philéas, spécialisés dans les adaptations en BD. C’est d’ailleurs la 3ème fois que le scénariste Fabrice Colin adapte Ellory, après Chicagoland (avec Sacha Goerg au dessin) et Seul le silence (avec Richard Guérineau au dessin). Du reste, les auteurs remercient chaleureusement ce dernier Guérineau en début d’album pour les avoir autorisés à utiliser « sa » police de caractère dans les phylactères et les narratifs. Mais revenons-en au cœur du sujet : le portrait du protagoniste fictif d’Ernesto Perez (qui n’a rien à voir avec l’ex président du Panama), au cœur de cette fresque mafieuse campée sur les 30 glorieuses. Pour les besoins d’une enquête retorse qui se déroule dans les années 2000, un long flashback nous fait découvrir sa vie, sa jeunesse qui explique son caractère de bâtard et ses attributions au sein de diverses familles de la pègre américaine. Les nombreux narratifs ciselés, à la première personne, prennent le temps de s’éparpiller pour mieux expliquer l’expérience et le flegme du bonhomme, auquel on s’attache ! Surtout, le dessin semi réaliste et encré de Bartolomé Segui est au paroxysme de son genre, en tout point adapté au registre du polar hard boiled. Le modeste format de l’ouvrage rend peu hommage aux 126 pages immersives de ce thriller qui nous emmène profondément dans l’âme noire et tourmentée de la mafia.