L'histoire :
Vers l’an 481, le roi des francs saliens Childéric 1er meurt, du côté de Tournai (actuelle Belgique). Ses « lieutenants » organisent une cérémonie funéraire dans une prairie, sous la pluie. Il est mis en terre dans un tumulus avec son manteau romain, ses armes, des urnes fermées et les dépouilles de ses chevaux. Il est demandé à son fils Clovis, âgé de 15 ans, de le pleurer non pas avec des larmes de femmes, mais du « sang d’homme ». L’adolescent a été préparé à hériter du trône. Son père l’avait notamment confié à un précepteur romain qui lui avait appris à lire et écrire, mais aussi inculqué les histoires et préceptes de ses ancêtres, ainsi que les lois en vigueur – dont la loi salique. Ainsi à sa majorité, Clovis était-il naturellement élevé et vénéré comme roi des francs, du moins des francs saliens. L’ambition du jeune homme était alors d’unifier son peuple avec le royaume des francs rhénans. Pour cela, il fait appel à son ancien maître, un romain très instruit appelé Eleuthéros. Clovis est également amené à « pactiser » avec l’autorité chrétienne du moment, Rémi, le métropolitain de Reims. L’entretien d’un commerce bienveillant avec les évêques ne peut qu’être profitable au développement de la région…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’est-ce que la postérité a retenu de Clovis, roi des francs et (l’un des) père(s) de la nation française ? La rancune tenace avec le vase de Soissons ? Le premier roi à avoir abandonné les rites païens pour épouser la religion catholique et se faire baptiser ? L’agrandissement du pays grâce aux conquêtes et aux alliances ? C’est à peu près tout et c’est déjà pas mal. Ces faits et anecdotes authentiques sont abordés dans cette biographie à peu près aussi précise et floue que le permettent les éléments historiques parvenus jusqu’à nous. Pour étayer une sorte de narration assez mal fagotée et lourde de dialogues auto-descriptifs, Coline Dupuy s’appuie essentiellement sur ce que l’on tient pour acquis de la culture mérovingienne, sur la cartographie européenne établie et les forces « géopolitiques » en présence. La rigueur documentaire semble être de mise dans cet album, à défaut d’une immersion narrative ou d’une transmission de connaissance. Pour être clair, on n’y comprend (et on ne retient) pas grand-chose… La représentation réaliste qu’en fait le dessinateur italien Andrea Mutti, bien que rigoureuse et relativement sérieuse, est plus proche de l’image romantique que les artistes de la Renaissance ont façonnée (une belle barbe blonde, une coupe mulet christique, des toges colorées et bien repassées) que de la probable réalité historique (les francs étaient des barbares sanguinaires, il fallait sans doute adapter un comportement très explicite pour en être le chef). N’oublions pas que les éditions Plein Vent appartiennent au groupe Elidia, avec une dimension pédagogique et œcuménique... La question de la conversion catholique de Clovis, de ce qu’elle impliquait et nécessitait, sous-tend le propos du début à la fin. L’album s’ouvre ainsi sur l’enterrement païen de Childeric 1er – dans un tumulus, façon antique, avec des reliques animales et guerrières – pour se conclure par l’enterrement de Clovis – dans une chapelle édifiée et ornée de parures dorées, avec cierges et tout le décorum de sanctification. Ainsi sommes-nous entrés dans l’ère de la chrétienté.