L'histoire :
Le 16 mars 1954, Pierrick, un parachutiste breton, fait son premier jour sur le front de la guerre d’Indochine dans laquelle il est engagé volontaire. Dans l’avion qui s’apprête à le parachuter dans la jungle, il fait la connaissance d’un autre breton, un reporter de guerre prénommé Patrick. Ce dernier est l’un des meilleurs et il a une longue expérience de ce conflit : ça fait 10 ans qu’il est arrivé ici, en même temps que le général Leclerc, au lendemain de l’armistice de la seconde guerre mondiale. Patrick fait une rétrospective de l’occupation française de l’Indochine au jeune trouffion. Celle-ci a été effective lorsque Napoléon III a envoyé des troupes pour conquérir l’immense marché que représentait la Chine. Mais des mouvements indépendantistes commencèrent dans les années 30, menées par un certain Ho-Chi-Minh, qui créa le Viêt-Minh en 1941. En 1945, avec leur défaite, les japonais qui avaient occupé le territoire, se retirent… et une guerre d’indépendance s’engage à partir de 1946, lors du bombardement du port d’Haïphong par les troupes françaises et l’insurrection d’Hanoï par celle du Viêt-Minh. En ce début 1954, les troupes du Viêt-Minh sont largement armées par celle de la Chine communiste et l’armée française tente de résister…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1954, l’armée française a tenté de résister à l’armée de libération du Viêt-Minh, soutenu par la Chine. Cette guerre dura 9 ans et aboutit à la décolonisation de l’Indochine (accords de Genève, juillet 1954), qui sera divisée en 3 pays : Le Laos, le Cambodge et le Vietnam, lui-même séparé en deux, entre le Sud et le Nord Vietnam… mais ceci est une autre guerre, qui s’ensuivit et dura encore 20 ans. Le récit scénarisé ici par Jean-François Vivier nous prend en cours de la célèbre bataille « finale » de Diên Biên Phu (qui se traduit littéralement par : « chef-lieu d’administration préfectorale frontalière »), le 16 mars 1954, qui dura 56 jours. Notons que c’est une défaite au sein de la collection Les grandes batailles de l’Histoire de France, qui ne comptait jusqu’à présent que des victoires (Austerlitz, Bir Hakeim) et un match nul (Verdun). Le contexte géopolitique, les dates majeures, les principaux commandants inscrits dans la postérité sont retracés à travers les astérisques qui renvoient vers des didascalies en bas de page. Le récit, lui, nous immerge au sein des troupes, sur le terrain. Nous suivons deux personnages fictifs, Patrick et Pierrick, assez peu incarnés, qui font connaissance dans un avion avec un parachute sur le dos, sur le point d’être largués dans la jungle. Nous les quitterons sans nous y être attachés au lendemain de la défaite française, après qu’ils ont essuyé des pluies d’obus, des blessures, des affrontements et bien des palabres désillusionnées. L’horizon du trouffion de base a effectivement tendance à être très court… On peine aussi à comprendre l’ordre et la logique dans la chute des diverses bases françaises aux prénoms féminins (Béatrice, Eliane, Dominique…), pourtant incessamment rappelés, faute de bilans topographiques réguliers. Nonobstant, le dessin réaliste encré de Francesco Rizzato est soigné, précis, documenté, et complété par une colorisation très vert-de-gris de Davide Baldoni.
