L'histoire :
Le 7 août 1932, une poignée d’anciens poilus de la première guerre mondiale se retrouve un peu à l’écart du fastueux monument aux morts que le président Albert Lebrun inaugure à Douaumont, à côté de Verdun. Le site a en effet connu une bataille terrible en 1916, peut-être la plus monstrueuse de l’Histoire. Les trois quart des soldats engagés dans l’armée française à la période de la bataille sont passés par Verdun. Il est nécessaire de se souvenir, même si ces souvenirs sont extrêmement mauvais. Estropiés ou défigurés, les survivants se souviennent que ça avait commencé par une mobilisation générale le 2 août 1914. Ils étaient partis la fleur au fusil, persuadés de flanquer une bonne raclée aux « alboches » et de récupérer l’Alsace et Loraine en quelques semaines. Hélas, les troupes du Kaiser Guillaume II étaient elles aussi en ordre de marche. Début septembre, elles étaient arrivées jusque Senlis et le gouvernement français avait dû fuir Paris ! Les soldats français les avaient finalement fixés au niveau de la Marne. Dès lors, avait commencé ce qu’on a appelé une guerre de position. Le début de l’enfer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’heure où une inouïe guerre conventionnelle, de tranchées ou de position, fait rage sur le front ukrainien, il est primordial de se remémorer la bataille de Verdun. En 1916, les alentours de cette ville de la Meuse (Loraine) a sans doute connu la pire bataille de toute l’histoire de l’humanité. 160 000 morts dont 100 000 disparus… déchiquetés par les bombes ou ensevelis sous la terre. On a beau avoir vu ou lu nombre reconstitutions en BD, au cinéma ou dans la littérature, ces chiffres restent difficiles à concevoir. Jean-François Vivier propose ici une plongée précise, en immersion au côté de quelques poilus, dans la chronologie de ce moment clé… qui aura surtout figé les positions. S’il contextualise à partir du début de la guerre, il envoie son lecteur dans les tranchées dès la 7ème planche, le 10 février 1916. Il est parfois assez difficile de suivre précisément les avancées et reculades des lignes de front ou les réussites ou échecs des points de friction, étant donné que ça a surtout été un gros bordel. Un déluge de feu, de boue et de sang. A partir de la p.24, pour relater l’attaque du fort de Douaumont du 22 au 25 mai 1916, Vivier s’appuie sur le récit véridique d’un fantassin du 74ème régiment d’infanterie. Et là, la tension est palpable. On sent monter la fureur des bombes, on ressent l’ignominie de la guerre. Cette immersion est d’autant plus réussie que Stéphan Agosto et Joël Cotes livrent une super partition graphique, respectivement au dessin encré réaliste et aux couleurs. Cet ouvrage est le troisième d’une collection de « grandes » batailles de l’armée française, après Austerlitz 1805 et Bir Hakeim 1942.
