L'histoire :
En mars 2067, des pêcheurs russes remontent de leurs filets un spécimen de poisson encore jamais vu auparavant. Au contact de l’un de ses tentacules, le capitaine reçoit une puissante décharge électrique… Sept ans plus tard, Stéphane rejoint sa sœur Lucie en province, pour quelques jours de rangement et de réparations diverses dans la maison de leur père, qu’ils ont placé en maison de retraite. Pendant leurs travaux, le frère et la sœur partagent leurs bons souvenirs et se demandent ce qu’ils vont faire du chien, Balzac. Etant donné que la maison est isolée dans la campagne béarnaise, ils considèrent ces quelques jours comme des vacances. Un matin, en descendant au village de Bedous en voiture, ils ont la surprise de croiser un important convoi de camions de l’entreprise Biohadès et doivent emprunter une déviation. Au café-tabac du village, la télé est allumée sur le JT : on annonce une alerte sanitaire nationale, due à une neurotoxine produite par certains poissons. Certains parlent déjà de l’éventuel déclenchement du « plan Castel ». Un peu inquiets, Stéphane et Lucie regagnent toutefois leur maison familiale. Le lendemain, le réseau GSM ne fonctionne plus. Ils décident d’aller visiter leur papa à la maison de retraite en emmenant Balzac. Pour cela, ils passent, hélas, par Bedous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Wouzit déroule de nouveau sa griffe particulière pour le premier volume d’une piquante série d’anticipation apocalyptique. On retrouve d’ailleurs dans cette ambition la même affection pour les univers décalés qu’on avait découverte sur son Grand rouge (chez feu Manolosanctis). Ce visuel très personnel se compose d’une gamme restreintes et kitsch de couleurs en aplats et de cases chargées, au sein d’un découpage lui aussi pour le moins resserré, imbriqué comme un Tetris®. A l’intérieur des (nombreuses) cases elles-mêmes, Wouzit semble en permanence souffrir d’un problème de place, faisant cohabiter un dessin stylisé simple et beaucoup de phylactères. N’ayez pas peur : l’ensemble reste tout à fait lisible et prégnant : Wouzit a visiblement bien appris les fondamentaux de l’art séquentiel. Avec cette recette, l’auteur s’ouvre surtout le terrain d’une forte densité narrative, qu’il développe minutieusement, dans la durée. Ici la problématique est sous-jacente : une petite évolution darwinienne (l’apparition d’une neurotoxine qui se propage en masse) est en train de déclencher une véritable apocalypse, forçant l’humanité à se réorganiser. Le focus sur cet évènement cauchemardesque est à échelle humaine : Wouzit ne quitte jamais son protagoniste principal qui refuse de suivre le protocole établi par ses pairs, plutôt que sur les détails biologiques de « l’épidémie ». A ses côtés, au milieu d’anomalies génétiques toujours plus nombreuses, on achève ce premier opus dans un tel degré de déchéance, qu’on est curieux de savoir comment l’auteur va faire rebondir son histoire dans le prochain volet…