L'histoire :
Alexandre et Xavier reçoivent la visite de Satan, qui les oblige à écrire une histoire à sa gloire, assistés d’un castor en guise de narrateur.
Pour la première fois au Bas-Canada, le diable accorde aux canots, habituellement voués à la navigation, le pouvoir de voler. Très vite, le paysage se retrouve envahi de canots volants utilisés pour tout et n’importe quoi. Les églises se vident ; on ne parle plus que de Lucifer.
Corbella Diesel est l’ennemie publique n°1, à la fois championne de course de canot volant et contrebandière de cierges d’église. Léo Bénedictus Julius Agapet, agent spécial du Vatican, est envoyé pour enquêter sur Montréal et sa pratique hérétique du canot volant. À son arrivée, il rencontre Corbella, qui lui propose immédiatement une course. Sur le parcours, Léo découvre un monde qui le dépasse : pour participer, il suffit d’invoquer un démon, qui confère ses pouvoirs au canot. Amdusias, démon de la musique infernale, à tête de licorne, est celui de Corbella. Grâce à lui, elle gagne presque toujours. Léo se lance alors dans une course aux côtés de cette combattante et de sa bande. Un jour, il finit par lui révéler sa véritable identité et la prévenir sur la fin qui est proche. Si Satan remporte la grande course finale, la Gaspésie disparaîtra, remplacée par une mer de lave, conséquence de trois degrés de plus.
La population, dépendante de ses canots au point de ne plus marcher, ne veut rien entendre : leur carburant menace leur propre planète. Mais comment le leur faire comprendre ? La dernière course approche. Satan va-t-il tout réduire en cendres ? Ou Deep Purple surgira-t-il pour sauver la mise ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce récit est un véritable « what the fuck » graphique et scénaristique, un joyeux chaos où tout part dans tous les sens. Visuellement, c’est un tourbillon de détails farfelus, parfois si abondants qu’on peine à s’y retrouver. Le graphisme en noir et blanc, travaillé avec de nombreuses nuances de gris et d’ombres, ajoute une couche de complexité qui rend parfois difficile la distinction des éléments dans les dessins. Les auteurs revisitent ici le conte d’Honoré Beaugrand, mais avec une approche complètement déjantée. On sent qu'ils ont voulu tout mettre à l’intérieur d’un seul récit, sans vraiment réussir à faire des choix clairs, ce qui bouillonne d’idées farfelues et d’humour décalé. Cela en fait une lecture complexe, loin d’être destinée aux enfants. Derrière cette folie apparente, un message écologique discret pointe du doigt les conséquences d’une utilisation irréfléchie des ressources, ce qui donne une profondeur inattendue au récit. Sur le plan narratif, la mise en abyme fonctionne plutôt bien. Les auteurs s’invitent eux-mêmes dans l’histoire, accompagnés d’un castor narrateur, et cassent régulièrement le quatrième mur, apportant une dimension ludique et originale au récit. En somme, c’est une lecture aussi déroutante que fascinante, qui demande au lecteur de lâcher prise et d’embrasser pleinement cet univers déjanté souvent difficile à suivre.