L'histoire :
Deux flics roulent sur une voie poussiéreuse et déserte. Ils s'arrêtent quelques minutes pour s'habiller avec de drôles de tenues, évoquant celles des groupes sectaires et racistes. À l'intérieur du coffre, se trouve un corps entièrement ligoté. Ils reprennent la route et s'arrêtent devant une petite assemblée. Parmi eux, une femme nue a le visage recouvert par une tête de bouc. L'un des membres, leur chef visiblement, demande à l'un des flics, Alonzo, de prouver sa fidélité et de tuer son collègue. Ce qu'il fait dans la foulée. Plus tard, dans un petit hôtel de passes, le flic boit une bière allongé dans le lit. Il n'a pas réussi à être suffisamment performant avec la prostituée qui se trouve dans la salle de bain. Tous deux se parlent par cloison interposée, lorsque soudain Alonzo entend quelqu'un lui parler. Juste à côté de lui se trouve son collègue mort ! Le flic ne comprend pas ce qui se passe. La prostituée sort de la salle de bain et commence à menacer Alonzo qu'elle accuse de l'avoir menacée. Celui-ci prend alors son arme et la pointe vers la professionnelle du sexe. Encouragé par son collègue mort, il appuie sur la détente. Hélas, il n'y a pas qu'une seule balle dans le flingue. Elle lui arrache des mains et frappe Alonzo avec. Ce dernier ne comprend rien et voit son défunt partenaire se moquer de lui, car il a retiré toutes les balles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Presque Lune nous proposent régulièrement des choix atypiques dans le paysage bédéphile. Tu m'as tué est une bande dessinée sortie en 2010 sous le titre de Tù me has matado en Espagne. Son auteur, David Sanchez, dévoile un trait très influencé par des artistes comme Charles Burns ou Mezzo. Très particulier, le récit devrait plaire aux amateurs de récits underground. On suit ici plusieurs personnages dont Alonzo, un flic qui n'hésite pas à tuer son collègue, un partenaire qui le hantera par la suite. Il y a aussi une prostituée, un tueur à gages, un shérif qui refuse sa part d'homosexualité, les deux prêcheurs, etc. Ce joli casting va bien évidemment se croiser et générer diverses situations. David Sanchez dépeint une société contradictoire, bourrée d'incohérences. L'ensemble se lit avec intérêt durant une grande partie de l'album. Malheureusement, le récit se perd un peu sur la fin. Il ne manque pas grand-chose pour que Tu m'as tué atteigne la qualité des ouvrages des auteurs auquel se réfère David Sanchez. Graphiquement, le résultat est très bon et fait de l'ibère un artiste à surveiller de près. Intéressant mais imparfait, Tu m'as tué mérite l'attention des plus curieux ou des amateurs de récits du genre.