L'histoire :
Miguel Mármol est né en 1905 dans la petite ville d’Ilopango au Salvador. Enfant, il tente d’échapper à la misère en faisant le ménage dans une caserne où il se trouve confronté à la brutalité des soldats, puis devient cordonnier – métier qu’il exercera une grande partie de sa vie. Il mène en parallèle une activité syndicale intense qui le conduit à participer à la fondation du Parti Communiste Salvadorien (PCS) en 1930. S’ensuit un voyage en URSS où il affine ses connaissances idéologiques. De retour au Salvador, il prend part au soulèvement contre le Général Martinez au côté du dirigeant du PCS, Farabundo Marti. Emprisonné et fusillé, il survit miraculeusement. Cet épisode est à l’image de ce que sera désormais toute sa vie : une vie passée à revendiquer la liberté et la justice sociale, faite de luttes contre les dictateurs ou propriétaires terriens. Dix autres fois, Miguel Mármol se retrouvera face à la mort, et dix autres fois il en réchappera pour recommencer à se battre encore et toujours...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il a fallu environ 10 ans de travail à Dani Fano pour mettre en place cette bande-dessinée qui retrace la vie du révolutionnaire originaire d’El Salvador, Miguel Mármol. Il faut dire que cela n’a pas été une mince affaire tant la vie du bonhomme a été rocambolesque et émaillée de coups d’escopettes ! Pour ce faire, l’auteur a choisi de reprendre à son compte les écrits d’Edurado Galeano et ceux du poète Roque Dalton en les réarrangeant parfois un peu afin pour plus de lisibilité. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Les Douze Naissances de Miguel Mármol se lit d’une traite tellement on est happé par la carrière du révolutionnaire. Au-delà d’un simple album biographique, cette bande-dessinée est un véritable hommage aux combats passionnés de Miguel Mármol, avec une pointe de poésie exotique bien sentie. En effet, même si certains passages du récit relatent de terribles exactions et des scènes de torture, c’est un sentiment d’émancipation des hommes qui domine au travers des 220 pages de cette œuvre. En ce qui concerne les dessins, l’utilisation du noir et blanc au travers d’illustrations relativement simples (mais pas simplistes) et propres, confère à l’ensemble une ambiance singulière, qui retranscrit parfaitement la vie difficile des opposants dans le Salvador du siècle dernier. On sent que Dani Fano a pris le temps de faire des recherches pour délivrer des dessins qui respectent le contexte historique qui a vu se dérouler la vie du révolutionnaire sud-américain. Au final, Les Douze Naissances de Miguel Mármol est une bande-dessinée agréable à lire et fidèle aux engagements d’un homme qui n’a pas eu peur de mettre sa vie de nombreuses fois en jeu pour faire prévaloir ses idées progressistes et sociales et ce, jusqu’à sa mort, à l’aube de l’été 1993.