parution 10 novembre 2018  éditeur Rackham  Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

La Dette

Un humoriste has-been est acculé par ses créanciers, viré de chez lui, sans travail, enfermé dans la culpabilité et la solitude sans lendemain. Récit gratuit et flou d’une déchéance sociale fatale. Vive la loose.


La Dette, bd chez Rackham de Romero
  • Notre note Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

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©Rackham édition 2018

L'histoire :

Benjamin Castaño est un humoriste has-been. Peut-être a-t-il jadis connu un moment de splendeur dans le stand-up… mais aujourd’hui, il est bedonnant, mal looké, largué, perclus de dettes, sans avenir. Un soir, alors qu’il se fait cuire un steak dans le minuscule studio qu’il loue à des chinois, on toque à sa porte. Il éteint la lumière et joue le mec absent. Mais on lui défonce sa porte. Trois colosses en habits du dimanche pénètrent alors calmement, mais en le tenant en respect. Ils lui offrent un bouquet de fleurs, contenant un petit mot : « Je vous accorde une dernière chance. Bank Credit ». L’un d’eux s’installe à table, mange son steak, jusqu’au bout… Puis ils l’aspergent d’essence. Ils lui conseillent de bien retenir cette odeur, car s’il n’a pas soldé sa dette dans un délai de 48 heures, ce sera la dernière odeur qu’il sentira… Dès le lendemain, Benjamin accepte un job foireux et mal payé : collecteur pour une ONG. Un jeune gars le suit partout pour l’humilier et noter sa motivation à chaque étape de cet emploi. En fin de journée, Benjamin se retrouve seul. Il ne trouve rien de mieux à faire que d’approcher son ex petite amie, en bravant l’injonction d’éloignement. Il se retrouve en taule, comme il le désirait, finalement… Car en ce lieu, il se sent protégé. Hélas, il est rapidement libéré…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

C’est l’histoire d’une oppression sociale et individuelle totale. Le personnage central qui mène à 100% la narration de cette chronique contemporaine morose et amère, se retrouve acculé de toutes parts, sans issue. Il a été largué par sa copine, il a perdu son job, il doit des paquets de frics, il perd son appartement, il culpabilise de ses comportements passés avec sa famille ou son ex-ex… Bref, il est au fond du trou, et il creuse encore. L’auteur espagnol Martin Romero n’y va pas avec le dos de la cuillère (qui n’est pas en argent) pour écorner la société moderne occidentale. Mais ce faisant, il enfonce des portes ouvertes, sans aller au-delà du constat gratuit et tragique. Notre monde est méchant et sans pitié avec la classe faible et les passifs qui se laissent glisser sur la mauvaise pente sans réagir. CQFD. En outre, sa narration n’est pas toujours limpide et son dessin emprunte un minimalisme régulier. L’ensemble oscille parfois sur le ton de la comédie aigre, joue la carte du contemplatif muet pas toujours explicite, fait des ellipses, met en scène des séquences en décalage avec les narratifs... On se demande encore, par exemple, si le personnage du jeune créancier qui colle aux basques de l’anti-héros ne serait pas imaginaire, le symbole de l’épée de Damoclès et de l’humiliation. Encré et en noir et blanc, le volume est épais (220 pages), mais le découpage s’établit souvent sur de larges cases muettes. Donc le supplice (du personnage) est rapide.

voir la fiche officielle ISBN 9782878272284