L'histoire :
En quittant l'appartement parisien pour monter dans un taxi vers la gare Montparnasse, Lucio confirme à Amaia que ce jour où il a attaqué une Caisse d'Epargne arme au poing, il était mort de peur à l'idée que l'opération tourne mal. Assis dans le train Paris Bayonne, ils vont pouvoir discuter tranquillement de la vie incroyable de ce fils d'anarchiste espagnol arrivé en France en fuyant le régime dictatorial du Général Franco. Maçon de métier, le jeune homme va très tôt rencontrer les militants de la mouvance révolutionnaire et vivre avec eux son désir de changer le monde radicalement. Il partage même un appartement avec Quico Sabaté, célèbre militant s'étant illustré dans la résistance à Franco. Il raconte avec enthousiasme et nostalgie les multiples actions dans lesquelles il s'est illustré, fier de sa vie et toujours radicalement révolutionnaire. La fabrication de faux papiers, le vol de matériel d'imprimerie, mais aussi ses premières années de jeune père aux côtés d'Anne qu'il a rencontrée sur les pavés de Mai 68. Amaia prend des notes avec admiration, et va progressivement parler un petit peu d'elle à ce vieil homme attentionné.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En retraçant l'histoire militante d'un anarchiste à la retraite, l'auteur Mikel Santos Beatz ne prend pas de recul, utilisant comme seul angle narratif la rencontre du vieil homme avec une jeune étudiante qui rédige son mémoire. Le vieux Lucio, lors d'une longue balade qui les mène de Paris au Pays Basque, raconte avec force détails ses faits d'armes, et l'idéologie qui l'a guidé toute sa vie. L'homme se décrit comme une sorte de justicier qui vole aux plus riches pour soutenir des causes justes, et sa propre action militante. Les quelque 140 pages, une fois que l'on a rencontré le personnage principal, manquent pourtant à la fois de surprises, et d'une certaine profondeur politique ou sociale. L'auteur n'a pas réellement choisi son angle, concentré sur les évènements qu'il raconte et les flashbacks qu'il enchaîne dans une logique pas tout à fait chronologique. Ses cases réalisées sur ordinateur sont souvent répétitives, comme des plans de caméra fixe dont le rythme n'est pas tout à fait maîtrisé et qui, du coup, se remarquent. Le livre respire la passion de l'auteur pour son sujet dont il se fait le porte-parole admiratif, et semble lui faire surestimer la puissance intrinsèque du destin qu'il met en scène. Au final, la vie de Lucio semble fascinante, mais l'impact n'y est pas. Les dialogues restent simples et à la surface des choses, ce qui empêchera ceux qui ne connaissent pas déjà Lucio Urtubia Jimenez de plonger complètement.