L'histoire :
Observer Paris est toujours une aventure en soi. Que ce soit les gens en terrasse en train de prendre un café, les voitures, les statues, le bruit, les sirènes ou les pigeons, rien n’a vraiment changé. Pas même les feuilles mortes de novembre qui ressemblent à toutes les feuilles mortes de toutes les années. Au fond, la ville et la vie ne changent pas vraiment, ce sont plutôt les gens qui changent. L’homme, cet être complexe, a l’ambition démesurée. L’hybris disaient les Grecs. Son attitude devant la nature montre à quel point il fait preuve d’orgueil et d’égoïsme. On a longtemps cru que l’on pouvait dominer la Terre par notre puissance et notre capacité d’adaptation. Sans même réaliser que nous faisons partie de la Terre. N’est-il pas trop tard cependant pour revenir en arrière ? Peut-on encore penser à un avenir plus ou moins lointain si l’on sent que tout va devenir éphémère ? Est-il utile de chercher les causes de notre comportement ? On parvient sans arrêt à rallonger notre temps de vie... mais à quoi bon si l’on raccourcit le temps de vie de notre planète ? Peut-on sans arrêt aller à la course au développement infini quand le monde lui-même se finit ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette autobiographie fictive joue sur le futur et le retour en arrière. Voici le projet un peu fou de ce jeune auteur, Baya. La lecture de cet album particulièrement décousu et qui part dans tous les sens n’est pas chose aisée, mais elle a également un côté fascinant. Un peu à la manière des surréalistes et de l’écriture automatique, Baya explore toutes les pensées, convictions et engagements de son personnage fictif, Antoine Donelli. Parfois sociologique, parfois intimiste, parfois scientifique, parfois psychologique, parfois humoristique ou artistique, le ton est pluriel et complexe et l’on bascule sans transition d’une réflexion poussée à deux petites pages légères et sans grand intérêt, comme une pause nécessaire. Évidemment, ce fouillis assez hermétique recèle tout de même quelques thèmes récurrents (les véritables pensées de l’auteur ?) comme l’athéisme, le déterminisme, la violence humaine et surtout l’écologie et la nécessité de vivre autrement avec la nature. Le ton reste toujours juste et profond, délivrant quelques maximes ou analyses puissantes. Baya se distingue surtout par un graphisme étonnant. Et là encore, une volonté de sans arrêt multiplier les styles, les tons et les techniques visuelles. On passe ainsi de dessins à des strips, puis à une œuvre picturale immense, sans oublier des photos, des collages… La pluralité des supports est impressionnante et, comme le texte, invite à ouvrir son esprit et à se mettre en danger. L’image peut être un cheminement intérieur et personnel fait d’embûches, de détours, de questionnements et de bizarreries.