L'histoire :
Février 1927. Le Tout-Paris se presse pour assister aux obsèques de Marcel Péricourt. Il rejoint là-haut, son fils Edouard, mort tragiquement il y a sept ans. Sa fille, Madeleine, a le regard dans le vide. Son mari croupit en prison après un procès retentissant. Elle est d'ailleurs prisée par le dénommé Gustave Joubert, le fondé de pouvoir de la Banque Péricourt. En ce funeste jour, le destin va jouer un sale tour à Madeleine. Pour une raison inconnue, son fils Paul prend son envol depuis la fenêtre d'un balcon et s'écrase sur le cercueil du patriarche. Cet accident laisse l'enfant paralysé. Seule et désemparée, Madeleine doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière principale. La majeure partie de la fortune de Marcel Péricourt lui revient. Les autres ayant-droit (Charles Péricourt, le frère du défunt, Léonce, l'intendante, Joubert, le fidèle collaborateur et sa femme) se retrouvent devant Maître Cerf, le notaire qui annonce que 3 millions de francs reviennent à Paul. Charles et Joubert obtiennent des miettes, ce qui a le don d'énerver Charles qui est furax. Ces 4 personnes (dont André Delcourt, journaliste amateur de potins) ne se doutent pas qu'ils vont être les protagonistes d'une incroyable histoire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Couleurs de l'incendie est le deuxième volet de la trilogie inaugurée avec Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013. Christian de Metter avait déjà adapté le tome 1 avec le concours de Pierre Lemaître. Cette fois-ci, c'est tout seul qu'il adapte ce deuxième tome. Une fois de plus, il faut saluer le talent de Pierre Lemaître qui réussit par son récit à montrer la cupidité humaine, la corruption en règle et les ambitions de tous. Il dépeint aussi une Europe plongée dans la montée des totalitarismes (nazisme, fascisme, franquisme, communisme), qui voit chaque jour la paix vaciller davantage et qui doit nous faire réfléchir sur notre contemporanéité. Christian de Metter s'empare de cette substance foisonnante avec une formidable délectation, s'amusant à présenter les personnages dans leur profonde noirceur. L'entrée en matière n'est pas évidente pour le lecteur, vu le flot de personnages et d'intrigues sous-jacentes. Mais dès l'instant que le décor est planté, l'histoire est prenante jusqu'au final en apothéose. Christian de Metter est fidèle à l'œuvre originale. Sublimé par des couleurs nuancées, son dessin élégant, vivant et expressif est un vibrant hommage à l'âge d'or du cinéma, avec des personnages lumineux aux visages éclairés et aux expressions bien croquées. Une belle adaptation qui pourrait bien se poursuivre : Miroir de nos peines, le dernier épisode de la trilogie de Pierre Lemaître est sorti en janvier 2020...