L'histoire :
Sadima, femme de chambre ordinaire, travaille pour une riche famille. Le temps se couvre, la pluie commence à tomber, elle se précipite pour récupérer le linge qui séchait dehors. Elle croise alors Madame Barret avec son parapluie, qu'elle salue. En rentrant à l'abri, Sadima observe et tend l'oreille. Autour d'elle, tout le monde chuchote. Elle pousse la porte qui mène à la chambre des trois filles de la maîtresse de maison. Elles trépignent, elles veulent entendre Sadima. Elles ont vu l'arrivée de Madame Barret et veulent connaître les raisons de sa présence. Elle feint de ne pas savoir, mais les filles insistent, alors, elle leur dit qu'elles vont sûrement recevoir une invitation. Madame Barret est venue indiquer à leur mère que Lord Handerson recherche une épouse. Le Lord habite dans un domaine qui semble à l'abandon, et il a fermé ses portes il y a de cela des années. Les filles se mettent à rêver : elles espèrent qu'il sera riche, beau ou encore gentil... Sadima les rassure. Toutes les jeunes filles de la région se bousculent pour l'épouser, car il propose une rente de quatre-vingt mille livres. Le lendemain, la maîtresse de maison demande s'ils ont reçu du courrier. Toujours rien, leur répond Sadima. Et lorsque Madame Barret arrive pour un brin de causette, et qu'elle apprend que les jeunes filles attendent l'invitation de Lord Handerson, elle précise qu'elle ne lui présentera jamais sa fille, et qu'aucune ne devrait être envoyée là-bas. On raconte qu'il exige que les filles passent une nuit seules dans une chambre du château, sans parent, ni chaperon...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mayalen Goust n'en est pas à son coup d'essai (Alicia prima ballerina assoluta, La guerre de Catherine, Lisa et Mohamed). Ce nouvel album pour un public de jeunes adultes et d'adultes est adapté de l'œuvre de Flore Vesco. Et c'est une petite merveille ! Sadima, femme de chambre, se retrouve malgré elle transportée dans le château étrange et effrayant de Lord Handerson, avec les trois filles à marier de la femme pour laquelle elle travaille. Ensemble, elles vont découvrir le processus qu'il met en place pour choisir sa future épouse. Les filles devront tour à tour passer une nuit dans une chambre du château, seule. Chaque matin, il renonce aux filles à marier. Sadima n'était pas présente pour passer l'épreuve, mais celle-ci lui est proposée. Et elle accepte. Elle est curieuse de savoir ce qui l'attend derrière cette porte... Flore Vesco a un don pour manier les mots et la langue française. Il est savoureux de retrouver cette poésie dans ce roman graphique. La dessinatrice quant à elle, met en images un univers de contes revisités, où la noirceur joue avec le fantastique. Le trait est aérien, la gestion des couleurs parfaitement maîtrisée pour créer à la fois des ambiances sombres et oppressantes, ou au contraire, des planches lumineuses et rayonnantes. Le découpage permet de reprendre son souffle en observant longuement des pleines pages, ou des doubles pages, absolument splendides. Visuellement, l'autrice n'hésite pas à glisser des références aux contes les plus célèbres, comme La princesse au petit pois, Barbe-bleue, ou encore La Belle et la Bête. L'aspect « brut » et cruel des contes est notamment utilisé dans la narration pour parler d'éveil au désir et à la sexualité, ou encore d'emprise, le tout avec une grande sensualité.