L'histoire :
Terre. Thorsmork, dans un Research Center. Des scientifiques travaillent d’arrache-pied sur un nouveau projet : une sonde spatiale à la pointe de la technologie. Parmi eux, Ji-Soon est à pied d’œuvre depuis 7 ans. Il n’a le temps de se reposer qu’à coups de micro-siestes de 10 minutes. Le rythme est intense en attendant que le centre spatial de Baïkal valide une fenêtre de lancement pour la sonde, baptisée Indy. Son objectif est de collecter des données dans l’espace afin que les scientifiques puissent notamment comprendre les trous noirs, la matière sombre de l’univers. Cependant, lorsque Ji-Soon est convoquée par le Directeur du centre, les choses se compliquent. En effet, un homme envoyé par Energy Solution, annonce qu’une OPA hostile est lancée sur le projet, dans la mesure où c’est une occasion rêvée pour découvrir de nouveaux filons de minerais dans l’espace et d’exploiter toutes les ressources disponibles sur les planètes et mêmes les astéroïdes ! Malgré le détournement de l’utilisation de la sonde Indy, le Directeur du centre n’a pas d’autre choix que d’accepter la proposition d’Energy Solution et son apport financier important. En effet, le Research Center est indépendant et manque considérablement de ressources pour mener à bien ses projets de manière pérenne. Ji-Soon est dépitée par le fait que l’objectif de la sonde puisse être dévoyé à des fins purement commerciales, mais elle n’a plus la main sur ce projet...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Guillaume Singelin est un véritable stakhanoviste de la BD, qu’on trouve dans tous les bons coups. A l’image de Loba Loca (le spin-off de Mutafukaz), The Grocery, P.T.S.D. ou bien dans les histoires courtes de Doggybags ou Lowreader. Cette fois, l’auteur propose aux lecteurs sa toute première œuvre en tant qu’artiste complet (scénario, dessins et couleurs) : Frontier. Pour ce faire, il met en place un univers de SF plutôt moderne, qui se déroule bien au-delà du système solaire autour de trois personnages. En marge d’une histoire bien ficelée, Singelin se questionne aussi sur l’exploitation des ressources par l’Homme et transpose cet aspect au sein de l’espace, sans pour autant se perdre dans des considérations faussement philosophiques. En ce qui concerne la partie graphique, l’artiste propose des dessins riches en détails, à la croisée de la BD américaine, européenne et japonaise. Mine de rien, ce parti-pris audacieux est payant, car il permet de mettre en avant l’univers de Singelin avec beaucoup de singularité et d’ingéniosité. En fin de comptes, cet épais volume est une BD pétrie de bonnes intentions avec un univers de science-fiction savamment amené qui permet de se questionner sur une nouvelle humanité, déconnectée de son berceau, la Terre. En ce sens, Singelin réussit vraiment sa toute première œuvre en tant qu’auteur complet. Chapeau !