L'histoire :
Atlanta, février 1866. Dévastée par le grand incendie, la ville n’est plus qu’un champ de ruines. Scarlett O’Hara, horrifiée par ce spectacle de désolation, parcourt les décombres avec Mammy, sa gouvernante. Alors qu’elles avancent, Mammy échange quelques mots avec un homme noir assis parmi les gravats. « On est libre », dit-il. Mammy lui rétorque, pleine de pragmatisme : « Mais libre de quoi ? D’être inutile ? » Elle explique qu’elle a choisi de porter les sacs de Scarlett et qu’elle se sent libre dans ce choix. En continuant leur chemin, elles tombent nez à nez avec Belle Watling, totalement hagarde, avant de passer devant la maison du docteur Meade, complètement détruite. Finalement, les deux femmes arrivent devant la maison de Tante Pitty, miraculeusement épargnée par le feu. Scarlett, soulagée, tombe nez à nez avec Peter et entre dans la demeure. Autour d’une conversation avec Tante Pitty, Scarlett apprend une nouvelle troublante : le capitaine Rhett Butler est emprisonné à Atlanta, accusé de meurtre. On l’accuse d’avoir tué un homme noir, bien que les Yankees manquent de preuves. La tension est à son comble dans la ville, exacerbée par les activités du Ku Klux Klan. En apprenant cette nouvelle, Scarlett est bouleversée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pierre Alary poursuit son adaptation audacieuse de Gone With The Wind (Autant en emporte le vent en VF) avec un deuxième tome aussi flamboyant qu’intense. À travers des scènes où le chaos d’Atlanta dévastée devient le théâtre des passions humaines, l’auteur déploie tout son talent de narrateur et de dessinateur. Au cœur de l'intrigue, Scarlett O’Hara incarne un personnage fascinant, marqué par son impétuosité, son désir farouche d’affranchissement et sa quête du bonheur. Elle respire l’amour et la passion, mais sa nature sauvage et indomptable la pousse à des échecs sentimentaux récurrents, incapable de trouver la paix dans ses relations. Rhett Butler incarne parfaitement ce désordre. Le jeu de chat et de souris entre Scarlett et Rhett Butler atteint ici des sommets de dramaturgie. Alary sublime leurs joutes verbales et leur tension amoureuse, entre chamailleries acerbes et sentiments inavoués. C’est un tango enflammé, marqué par des regards d’une intensité rare. Car oui, les regards sont la signature d’Alary : ils disent tout, de la détresse à l’amour, de la colère à l’espoir, avec une expressivité presque cinématographique. Le dessin vif et expressif magnifie cette adaptation, avec des couleurs chaleureuses et délicates. Chaque planche semble vibrer, qu’il s’agisse des décombres d’Atlanta ou des scènes plus intimistes. Alary capture l’essence même de l’œuvre de Margaret Mitchell tout en y insufflant sa propre vision. Ce tome dense en émotions et en enjeux confirme que Pierre Alary est un auteur qui compte dans le monde de la BD et qui conte merveilleusement bien.