L'histoire :
D’origine lakota, le jeune Georges a été adopté par le pasteur Clemente, qui l’a éduqué selon de bons préceptes chrétiens. Ce jour-là, le gamin récite l’évangile pendant un pique-nique et force l’admiration d’une belle dame, lorsque trois cavaliers approchent. L’un d’eux, un indien lakota habillé à l’occidentale, descend calmement de cheval et interroge le pasteur sur un certain Gavin Atkins. Le pasteur est interloqué. L’indien le menace ostensiblement de représailles s’il se tait. L’indien repartira avec l’information souhaitée, non sans avoir tué le pasteur et gravement blessé la dame. Les trois cavaliers poursuivent et rattrapent Georges, qui s’était enfui. L’indien hésite à le flinguer… mais l’un des cavaliers est une femme, portant un foulard par-dessus son nez. Elle négocie qu’il ait la vie sauve, le temps que « l’affaire » soit terminée. Ils repartent à quatre, et apprennent à faire connaissance au fil de leur parcours à travers les paysages de l’Ouest sauvage. L’indien instruit notamment Georges sur la culture lakota, dont le sang coule à tous deux dans leurs veines… Tandis qu’ils font halte à un comptoir de trappeurs, ils ignorent que dans le même temps, un chasseur de prime est sur leurs traces. L’homme interroge la dame rescapée – mais fort mal en point – sur le site du pique-nique. Il repart dans la bonne direction, après avoir abrégé les souffrances de la dame…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sein du Label 619, une écurie managée par Run et récemment arrivée dans le giron des éditions Rue de Sèvres, Neyef propose pour la première fois un ouvrage à forte pagination, grand format, en auteur complet. Un boulot monumental de deux ans, pour aboutir à ce western classique, mais néanmoins à grand spectacle. A travers les magnifiques panoramas de l’Ouest sauvage, l’auteur offre une histoire de vengeance et d’assimilation culturelle entre blancs et indiens. On suit ici un gamin lakota, mais éduqué à l’occidentale, dans son processus initiatique ; mais aussi un guerrier lakota parfaitement au fait de la culture blanche, dans son parcours punitif envers son propre père. Le ton est donc à mi-chemin entre le thriller et la grande aventure épique, ponctué de règlements de compte, de phases d’apprentissage, mais aussi de longues séquences de discutailles entre les membres de cette chevauchée vengeresse, pour souligner les différences entre les cultures. Sans doute les dialogues sont-ils certes un tantinet trop contemporains pour immerger pleinement le lecteur dans cette époque farouche… mais ce petit bémol est très secondaire. Neyef se rattrape largement en livrant un dessin et un découpage séquentiel emportés par le souffle de la grande aventure. Les ciels tourmentés, les crêtes et les vallons des Rocheuses, le vent dans les hautes herbes, les ambiances nocturnes, les moments tendus sous les frondaisons… Tout est parfaitement efficient, en cinémascope !