L'histoire :
Une oie sans tête court à toutes jambes dans une cours de ferme, complètement désorientée. Derrière elle, sa tête repose sur un billot, elle vient visiblement d’être tranchée d’un coup de hache. Et l’oie de dire : « Mais bon sang, où est-ce que j’ai encore posé ces lunettes ? »
Alors qu’elles faisaient route à cheval, deux princesses en robes bleues, chapeaux pointus à franges, sont arrêtées par un bandit de grand-chemin. Tandis que ce dernier, habillé en Robin des bois, les tient en joue avec son arc et ses flèches, l’une d’elles dit à l’autre : « Avec la chance qu’on a, tu vas voir qu’on est encore tombées sur le défenseur des opprimés et pas sur le petit pervers priapique. »
Jésus vient juste d’être crucifié. Mais sa position est étrange et plus qu’inconfortable : son pied droit a été cloué avec sa main droite, en l’air : son pied gauche a été cloué avec sa main gauche, en l’air également. Il s’adresse à cet enfoiré de charpentier qui se barre nonchalamment avec l’échelle : « Hé, on avait dit trois clous ! ».
Du haut d’un canyon, deux sioux regardent les signaux de fumée provenant du lointain haut-plateau d’en face. L’un traduit à haute voix pour l’autre : « C’est la veuve d’un ex-ministre du Nigeria qui nous a choisis pour déposer 50 000 $ sur un compte sécurisé, par le biais d’une société basée à Abidjan. »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après les recueils d’humour cynique Bonne journée et Bonne continuation, Olivier le Tallec revient vers nous avec Je reviens vers vous. Ce 3ème recueil de gags, à chaque fois en une case géante, compilés en album au format paysage, empreinte strictement la même formule que précédemment. Le Tallec cherche en effet à créer le décalage, la considération absurde ou le foutage de gueule frontal, entre des situations communes ou improbables, et la réplique caustique et cynique écrite en petit en-dessous. Il est jouissif lorsque ces réflexions, presque toujours reflet de notre époque moderne – le langage web, le monde du travail, les rapports sociaux… – se télescopent avec le visuel anachronique ou anthropo-décentré du dessus. Pour renforcer la percussion comique, les personnages de toutes époques (préhistoire, moyen-âge, contemporains…) et de tous types (humains, animaux réels ou légendaires…) appartiennent à un registre graphique bon-enfant, en contre-emploi total avec le cynisme employé. Et ils occupent la plupart du temps une petite place centrale dans un décor bien large, comme s’ils étaient perdus dans un contexte qui les dépasse. Mention spéciale à l’horoscope des mouches…
